Jusqu’à l’épuisement

Publié le 16 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

Sécheresse accrue, inondations plus fréquentes, augmentation des phénomènes extrêmes comme les tempêtes ou cyclones, hausse du niveau de la mer L’impact du réchauffement sera globalement négatif sur les ressources en eau, et donc sur l’agriculture de décrue ou irriguée, les activités forestières et les ressources halieutiques. Les attaques de prédateurs, comme les criquets pèlerins, risquent de devenir plus fréquentes, et l’élévation du niveau des océans pourrait provoquer la remontée d’eau salée dans les estuaires, comme dans le delta du Nil, ce qui risque de rendre certaines terres incultes. Les activités liées à la pêche pourraient également en être affectées. La réduction du débit des rivières, l’infiltration d’eau salée dans des retenues d’eau douce et la modification des courants marins pourraient réduire de manière drastique les ressources halieutiques. Ainsi, en Afrique du Sud, les prises pourraient chuter de 60 %.
En ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest, les études montrent que les zones sahéliennes seront les premières touchées par le réchauffement, avec une récurrence plus fréquente des inondations et des sécheresses. La désertification va continuer à s’accentuer et le débit des cours d’eau diminuer, obligeant les troupeaux à descendre vers le Sud. Au cours des années 1970 et 1980, la pluviosité a chuté d’environ 25 %, accompagnée d’une diminution du débit des fleuves Sénégal et Gambie pendant la période la plus sèche, confirmant ainsi les inquiétudes des scientifiques. Cette situation s’est accompagnée d’une baisse de la biomasse et d’une dégradation importante de la production tant agricole que pastorale.

On estime que le réchauffement pourrait atteindre 2 °C à 6 °C en l’espace d’un siècle. Or, avec seulement 2 °C de plus, la production agricole serait réduite d’un tiers sur le pourtour méditerranéen et en Afrique sahélienne. Les cultures qui ont besoin de conditions climatiques très strictes seront les premières touchées. D’après des simulations du Grid (Centre genevois du réseau mondial de données environnementales), la culture du thé au Kenya deviendrait impossible ou très difficile dans plus de la moitié des régions où elle est actuellement pratiquée. Autre exemple, en Ouganda, seules les zones les plus élevées continueraient à produire du café robusta, les autres régions devenant trop chaudes.
La culture des céréales serait aussi très affectée, en particulier le blé, le riz et le soja. Les Nations unies estiment que le rendement des cultures céréalières baissera en moyenne de 5 % d’ici aux années 2080. Les cultures de base seront plus difficiles à produire, que ce soit le sorgho au Soudan, en Éthiopie, en Érythrée et en Zambie, le maïs au Ghana, le mil au Soudan ou l’arachide en Gambie. Le riz pour sa part souffre non seulement des effets directs du réchauffement, qui réduirait son rendement d’environ 10 %, mais aussi de la hausse du niveau de la mer, qui entraînerait une invasion du sel dans les zones de riziculture situées dans les estuaires. Le scientifique kenyan Richard Odingo estime même que le riz pourrait disparaître sous les tropiques. Le Giec craint, pour sa part, une disparition totale du blé d’ici à 2080 sur l’ensemble du continent africain. Néanmoins les interrogations des scientifiques demeurent, car, au cours des dix dernières années, la pluviosité s’est plutôt améliorée au Sahel. Preuve, s’il en était besoin, que l’Afrique entre dans une ère d’incertitudes.
D’ailleurs, certains n’hésitent pas à imaginer des effets bénéfiques aux modifications de la météo. Même le rapport du Giec reconnaît que certaines zones agro-climatiques du continent pourraient en tirer profit. Une hausse des précipitations alliée à un accroissement des températures pourrait permettre d’étendre les saisons culturales sur les hauts plateaux éthiopiens. L’évolution de la pluviosité en zones d’altitude, comme celles situées à proximité des monts Kenya et Kilimandjaro, pourrait rendre possible la pratique de cultures habituellement réservées aux pays tempérés, comme l’orge, ou encore la plantation de vergers (pommiers et poiriers). Reste que les bienfaits du réchauffement restent très limités, au regard des désagréments qu’il induit.

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