Mobile money : Orange, MTN et Safaricom secoués mais pas coulés par le Covid-19
Suppression des commissions et des frais sur les transactions… Les mesures adoptées pour répondre à la pandémie représentent un « sacrifice » de plusieurs milliards de dollars.
La crise sanitaire liée au nouveau coronavirus n’épargne aucun secteur. Pas même ceux dont les caractéristiques pouvaient faire penser qu’ils seraient les grands gagnants de la distanciation physique, à l’image des services de paiement et de transfert d’argent par mobile dont les solutions ont été promues comme alternative au cash à travers tout le continent.
1,8 à 2,6 milliards de dollars perdus
Une étude publiée ce mois-ci par le cabinet McKinsey rapporte que le secteur pourrait en effet connaître un manque à gagner compris entre 1,8 et 2,6 milliards de dollars en 2020, soit un déclin des revenus de 10 à 13 % comparé à 2019. Les raisons ? Une réduction de l’activité économique et de la consommation des ménages qui impacte plus ou moins fortement les pays selon les dispositions de confinement ou de couvre-feu mis en place pour endiguer l’épidémie sur leur territoire. Mais également des pertes dues aux décisions d’urgence prises en matière de réduction ou suppression des frais de transaction.
Suivant l’appel de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Orange Money a par exemple mis en place la gratuité sur les transferts, le paiement des factures et le paiement marchand. De l’aveu même d’Alioune Ndiaye, PDG d’Orange Afrique et Moyen-Orient, l’activité a connu une baisse des transactions d’environ 10 % pendant la période.
Les incitations des différents régulateurs ont peut-être favorisé l’adoption et l’usage de ces services
De son côté l’opérateur kényan Safaricom a lui aussi supprimé à partir du 15 mars les commissions sur les transferts d’argent. Les pertes estimées suite à cette mesure qui a couru jusqu’à début juin se chiffrent à 6,5 milliards de shillings, soit plus de 53 millions d’euros. D’autres ont suivi, comme MTN au Ghana et au Nigeria, ou Vodafone au Ghana. Et le 20 avril, GSMA, le lobby mondial des télécoms, a lui-même produit des recommandations à l’intention des banques centrales allant dans le sens de la levée des frais de transaction.
Un investissement à long terme ?
« Cela peut potentiellement impacter sérieusement les revenus des opérateurs de mobile money, confirme Sylvain Morlière, chef du service finance mobile au sein du cabinet de conseil Sofrecom, filiale de l’opérateur Orange. Les opérateurs vont d’ailleurs être contraints de relever ces frais puisque 50 % du chiffre d’affaires des services classiques de mobile money est affecté à la rémunération des agents ».
En revanche, ces mesures pourraient constituer un investissement à long terme pour ces mêmes acteurs. « Les incitations des différents régulateurs ont peut-être favorisé l’adoption et l’usage de ces services. Dans cette période qui a vu les revenus des populations baisser – notamment ceux des travailleurs de l’informel – on va observer une dynamique de soutien familial ou communautaire qui pourrait être intéressante pour les opérateurs », analyse l’expert, rappelant que des études de grande ampleur ont été récemment commandées par le FMI et la Banque mondiale pour tirer les leçons définitives de l’impact de la crise sanitaire sur le secteur.
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