Bruits de rentrée
Publié le 16 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.
Michel Houellebecq avait fait l’événement de la rentrée 2005 en France avec La Possibilité d’une île (Fayard). Pas tant pour les qualités littéraires (réelles, au demeurant) de cette histoire de clonage qu’en raison du battage médiatique orchestré par l’éditeur. En 2006, Jonathan Littell a créé la surprise avec Les Bienveillantes (Gallimard), pavé de 900 pages sur le nazisme qui lui a valu le Goncourt et le Grand Prix de l’Académie française. Que faut-il attendre de la rentrée 2007 ? Quels livres s’imposeront au public et aux jurés des grands prix ? Difficile aujourd’hui de faire le moindre pronostic.
Ce n’est pourtant pas le choix qui manque. Le magazine Livres Hebdo a recensé 727 romans (dont 234 étrangers) à paraître entre août et octobre prochains. Soit 44 titres de plus qu’en 2006 (683). En dix ans, la hausse est de 50 % (488 en 1998).
Pour se limiter ici aux textes français, il est quand même un ouvrage dont tout le monde parle sans savoir de quoi il sera vraiment fait : L’Aube, le soir ou la nuit (Flammarion), texte où la dramaturge Yasmina Reza raconte l’année qu’elle a passée à suivre Nicolas Sarkozy. Autres candidats sérieux au succès, sinon aux grands prix, les frères Olivier et Patrick Poivre d’Arvor, de retour avec J’ai tant rêvé de toi (Albin Michel), où ils rendent hommage au poète Robert Desnos, mort en déportation en 1945.
On ne s’étonnera pas de retrouver sur les tables des libraires nombre de familiers des rentrées automnales. Éric Neuhoff, Patrick Besson, Philippe Claudel, Olivier Adam, Michel del Castillo, Patrick Modiano, Pierre Péju, Alain Fleischer, Pierre Pelot, Marie Darrieussecq, François Taillandier, Lydie Salvayre, pour en citer quelques-uns, seront ainsi au rendez-vous. Sans oublier l’inévitable Amélie Nothomb qui, dans Ni d’Ève ni d’Adam (Albin Michel), revient sur la période où elle vivait à Tokyo et met en scène un jeune homme singulier auquel elle a été fiancée.
En vedette l’an dernier avec, notamment, Alain Mabanckou, prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic (Le Seuil), et Léonora Miano, Goncourt des lycéens grâce à Contours du jour qui vient (Plon), les auteurs originaires d’Afrique noire francophone sont quasiment absents en 2007 des listes des grands éditeurs parisiens. À signaler toutefois les livres de deux Mauriciennes. L’une, Nathacha Appanah, a pris pour point de départ du Dernier Frère (L’Olivier) un épisode historique qui s’est déroulé à Port-Louis en 1940. Ananda Devi, la seconde, a elle choisi l’Inde pour décor de Indian Tango (Gallimard).
La surprise vient de L’Harmattan, où le Congolais Paul Lomami Tchibamba, signe, à 93 ans, son premier roman, Ah ! Mbongo.
Peu d’auteurs africains, mais plusieurs textes de qualité inspirés par le Sud-Sahara. C’est le cas de Chamboula (Le Seuil) de Paul Fournel, parabole sur l’irruption de la modernité dans un village africain, et du Numéro 7 (Le Cherche Midi), un thriller de Martin Winckler (à qui on doit La Maladie de Sachs), sans oublier La Stratégie des antilopes (Le Seuil), troisième volet de l’enquête du journaliste Jean Hatzfeld sur ?le génocide rwandais de 1994.
Du côté du Maghreb et du monde arabe, où les francophones font montre de la même discrétion, deux romanciers devraient tirer leur épingle du jeu. Après s’être signalé en 2005 avec Histoire de la Grande Maison (Le Seuil), le Libanais Charif Majdalani raconte dans Caravansérail (même éditeur) les aventures rocambolesques de son grand-père au Soudan au début du XXe siècle. On connaissait l’écrivaine algérienne Leïla Marouane pour des textes graves dans lesquels elle évoque la dure condition de la femme dans son pays. S’il prend à certains moments des allures de comédie, son dernier roman, La Vie sexuelle d’un islamiste à Paris (Albin Michel), n’en aborde pas moins lui aussi des questions fondamentales pour la compréhension des sociétés musulmanes aujourd’hui. On peut prédire sans trop de risque de se tromper que ce livre ne passera pas inaperçu.
