Autoroutes de la mer

Grâce au futur port d’Enfidha, le pays entend bien devenir un carrefour pour les transports en Méditerranée. Et renouer avec son prestigieux passé de puissance maritime et commerciale.

Publié le 16 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

Retrouver son rang de puissance maritime et commerciale. Tel est le rêve de la Tunisie. Il y a plus de vingt siècles, aux temps où les Phéniciens venus d’Orient édifiaient des comptoirs maritimes tout le long du littoral nord-africain, Carthage, avec ses comptoirs et sa flotte aux voiles de laine rouge, était l’un des plus importants centres d’échanges de la Méditerranée. Les temps ont certes changé, mais la vocation maritime du pays et sa position géostratégique demeurent.
Avec l’entrée en service de navires porte-conteneurs de grande taille, le littoral tunisien peut s’imposer comme l’un des sites idéaux de transbordement. Dans le cadre des « autoroutes de la mer », concept cher aux pays européens, la Tunisie devrait occuper une place de choix. Le pays a pour vocation d’assurer la connexion entre le réseau européen et les pays du sud de la Méditerranée. Rien de surprenant à cela. Ses échanges avec les pays de l’Union européenne représentent 80 % de son commerce extérieur, lesquels s’effectuent à 97 % par voie maritime.

Afin de (re)devenir une plaque tournante de la Méditerranée centrale, voire un point d’entrée du flux de marchandises pour une partie de l’Afrique, le pays dispose d’un atout : le projet de port en eaux profondes à Enfidha, au centre-est du pays. Situé sur l’axe des grandes lignes maritimes intercontinentales, Enfidha s’intègre facilement dans les réseaux de transport multimodal méditerranéens, qui assurent la chaîne door-to-door (porte-à-porte). Une véritable aubaine au vu des importants volumes qui transitent en Méditerranée centrale – le transbordement y est estimé à 10,3 millions d’EVP (un EVP est un conteneur « équivalent vingt pieds » de 30 m3), contre 6,6 millions dans l’ouest de la Méditerranée et 7,8 millions dans l’est.

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L’objectif est donc de faire de la Tunisie un centre international de commerce et de services à haute valeur ajoutée. À partir de 2012, la demande en capacité portuaire devrait dépasser l’offre. De ce fait, le trafic prévisionnel de transbordement dans le bassin méditerranéen représente un marché potentiel important pour ce nouveau port. Compte tenu des échanges entre l’Asie du Sud-Est via le canal de Suez d’une part, et la Méditerranée de l’autre, la Tunisie espère capter un flux de l’ordre de 3 millions de conteneurs supplémentaires par an à l’horizon 2020. Le trafic global d’Enfidha devrait se situer à 250 000 EVP en 2010, 335 000 EVP en 2020 et 570 000 EVP en 2030. Le trafic du vrac devrait être de 2,5 millions de tonnes en 2010, 3,2 millions de tonnes en 2020 et 4 millions de tonnes en 2030.
Le projet, qui prévoit la construction de deux terminaux, devrait être réalisé en trois étapes s’étendant de 2010 à 2030. Au final, Enfidha disposera de 5 200 mètres de quais. Ce qui en fera l’un des plus grands ports de la Méditerranée. Le site bénéficiera, en outre, de la mise en place d’une zone d’activités économiques et logistiques qui fera fonction de centre de services et d’import-export lié et de transit routier international vers les pays du continent. Quelque 1 000 hectares seront mis à la disposition des opérateurs économiques. Les autorités tunisiennes se sont d’ores et déjà engagées à accorder à cette zone un cadre juridique spécifique visant à faciliter les procédures douanières et à garantir la fluidité des opérations.
En ce qui concerne l’hinterland (l’arrière-pays), Enfidha dispose de conditions idéales. Situé à 90 km au sud de Tunis, à 20 kilomètres de la station balnéaire de Hammamet et à 40 km de la station balnéaire de Sousse, le port disposera d’une bretelle d’accès à l’autoroute et d’une connexion à la ligne de chemin de fer Nord-Sud, les deux colonnes vertébrales de l’activité économique du pays. Il se trouvera aussi à proximité d’un aéroport international en cours de construction également à Enfidha et dont la concession a été accordée à l’entreprise turque TAV Airports Holding. Sa mise en service est prévue pour 2009. Plus au sud, à Hergla, un projet de station balnéaire est à l’étude.

Toutefois, le projet du port d’Enfidha est toujours en voie de finalisation, suspendu aux résultats de l’étude d’impact sur l’environnement. Les autorités ne devraient pas tarder à lancer un appel d’offres international pour la construction et la gestion du port dans le cadre d’une mise en concession. De grands groupes des pays du Golfe et du Moyen-Orient ont déjà exprimé leur intérêt pour le projet.

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