Tuninvest veut former des champions

La société de capital investissement a réuni une dizaine de bailleurs et 125 millions d’euros pour transformer les PME de la région.

Publié le 16 juin 2008 Lecture : 3 minutes.

Démarrage sur les chapeaux de roue pour Maghreb Private Equity Fund II (MPEF II), un fonds d’investissement lancé officiellement par Tuninvest, le lundi 9 juin. La société de capital investissement basée à Tunis a en effet déjà engagé, ou est en passe de le faire, près de 60 millions des 125 millions d’euros de dotation du fonds, prévu sur une durée de dix ans. La cible ? Des PME algériennes, tunisiennes, marocaines et même libyennes : « Nous voulons investir dans des sociétés qui ont des projets d’acquisition au Maghreb et sur la rive nord de la Méditerranée avec l’ambition de créer des champions régionaux face aux multinationales européennes, américaines, asiatiques ou du Golfe », détaille Ziad Oueslati, le directeur général de Tuninvest.
À l’image de la prise de participation de près de 30 % du capital d’Altéa Packaging, qui caresse l’ambition d’être un leader de l’emballage souple au Maghreb et dans le Golfe, et de se placer en outsider sur la rive nord de la Méditerranée. La PME tunisienne (36 millions d’euros de chiffre d’affaires, 320 salariés), qui a déjà racheté un fabricant d’emballage souple du nord de la France en juillet 2007, Roland Emballages, vient d’annoncer la construction d’un site de production en Algérie pour 10 millions d’euros.
Mais c’est loin d’être tout. MPEF II entend débusquer des entreprises prometteuses dans tous les secteurs d’activité. En Tunisie, le fonds est déjà entré au capital du producteur de semences Cotugrains, qui développe des produits adaptés au Maghreb, mais aussi à celui de la société GAT, dans les assurances. En Algérie, il est désormais présent dans Snax, le fabricant de snacks, et Icosnet, un outsider dans les télécoms, avec sa marque Vazii, détenteur d’une licence Wimax. C’est aussi le cas du tour-opérateur français Voyamar, très présent en Tunisie et au Maroc. Dans l’agroalimentaire, le fonds travaille à la constitution d’un pôle laitier bâti autour du tunisien Vitalait (lait et yaourts) et de l’acquisition de l’entreprise marocaine Saisslait.
Repérées par MPEF II, les PME-PMI qui ont un chiffre d’affaires de 10 millions à 50 millions d’euros peuvent profiter d’un sérieux coup de pouce. Elles peuvent espérer multiplier par deux ou trois les montants des fonds levés auprès d’autres investisseurs (banquesÂ), par trois leur chiffre d’affaires et par deux fois et demi leur effectif. Ce sont les résultats obtenus en moyenne avec MPEF I, le prédécesseur du fonds lancé ce mois-ci. Amorcé en 2006, il est doté de « seulement » 24 millions de dollars, investis dans treize entreprises algériennes, tunisiennes et marocaines, comme le groupe de jus de fruits algérien NCA Rouiba ou le tunisien Médis dans l’industrie pharmaceutique.
L’objectif poursuivi par Tuninvest a séduit les bailleurs de fonds traditionnels du Maghreb (SFI, BEI, Proparco, CDC Entreprises, BAD, Sifem, le FMO, BIO), qui ont répondu présent. La société de capital investissement est également parvenue à convaincre de nouveaux souscripteurs français (Financière Oceor, une filiale de la Caisse d’épargne), mais aussi américains, suisses ou britanniques avec CDC Group Plc, un fonds d’investissement appartenant au gouvernement du Royaume-Uni, déjà très actif en Afrique subsaharienne et qui fait son entrée au Maghreb. « La réussite de notre premier fonds a montré aux investisseurs que l’on pouvait trouver dans la région de très bonnes PME familiales, créatrices de valeur et prêtes à jouer le jeu de la transparence », souligne Ziad Oueslati.

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