Comment le fret aérien est venu au secours des mangues ivoiriennes

La crise du coronavirus a mis sur le devant la scène le cargo aérien, qui reste habituellement dans l’ombre. Exemple avec l’exportation des mangues de Côte d’Ivoire vers l’Europe.

Air France-KLM, grâce à sa très dynamique activité fret, a réussi à la différence de certains de ses concurrents à surnager durant la crise. © Air France KLM

Air France-KLM, grâce à sa très dynamique activité fret, a réussi à la différence de certains de ses concurrents à surnager durant la crise. © Air France KLM

Rémy Darras © Francois Grivelet pour JA

Publié le 19 juin 2020 Lecture : 7 minutes.

Née en 1978 d’une association avec le président Félix Houphouët-Boigny, la Société internationale d’importation (SIIM) est le premier importateur-exportateur de mangues en Afrique de l’Ouest. Filiale du groupe familial français Omer-Decugis (126 millions d’euros de CA en 2019), elle expédie généralement sa production dans les soutes des avions de ligne au départ de l’aéroport d’Abidjan. La réduction des capacités aériennes provoquée par la crise du coronavirus risquait de mettre en péril l’acheminement de ses cargaisons. Et de fragiliser encore plus une filière qui a produit 32 000 tonnes en 2019 et qui s’attend cette année à 65 % de pertes en Côte d’Ivoire, troisième producteur mondial.

Pour assurer la continuité du transport, des plantations de Korhogo et Ferkessédougou (nord de la Côte d’Ivoire) jusqu’au marché de Rungis en France, la SIIM (également productrice de bananes, avocats et ananas) et son transporteur historique, Air France-KLM-Martinair Cargo, filiale cargo du groupe franco-hollandais, ont dû s’adapter. Le transporteur cargo (2,1 milliards d’euros de revenus l’année dernière) a ainsi converti des avions de ligne en cargo afin d’acheminer 400 tonnes de mangues en direction de l’Europe entre fin avril et début mai.

Une quinzaine de vols au total ont été utilisés pour cette campagne d’exportation, à raison de deux à trois fréquences hebdomadaires sur six semaines, les appareils repartant d’Europe chargés notamment de produits sanitaires. Une solution également mise en oeuvre par un autre acteur du secteur, Bolloré Transports & Logistics à raison de 78 tonnes sur la même période. Revenant sur cette expérience, Éric Mauroux, directeur mondial de la logistique des produits périssables chez Air France-KLM-Martinair Cargo, et Vincent Omer-Decugis, directeur général de la SIIM, détaillent comment le fret aérien s’est adapté au contexte de crise et comment il compte profiter durablement de la croissance du secteur agro-alimentaire.

Jeune Afrique : En quoi votre opération d’acheminement de mangues pendant la crise a-t-elle changé votre manière de travailler ?

Vincent Omer-Decugis : Lorsque la crise s’est déclenchée mi-mars, notre campagne d’Afrique de l’Ouest commençait. Nous sommes passés d’une offre pléthorique de cargo au départ d’Abidjan à un resserrement incroyable de l’offre. Il nous a fallu être réactifs face à l’arrêt des circuits de logistique aérienne pour pouvoir organiser l’exportation de nos fruits pendant cette campagne saisonnière, avec toute la pression qui venait des producteurs. Les zones de production sont à 800 kilomètres de l’aéroport d’Abidjan

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