Qui tiendra tête à Safaricom ?

Au faîte de sa gloire, avec 74 % du marché face à Celtel, le premier opérateur GSM du Kenya doit se préparer à l’entrée en lice de deux nouveaux concurrents.

Publié le 16 juin 2008 Lecture : 3 minutes.

Mwai Kibaki en personne a ouvert la séance au Nairobi Stock Exchange (NSE), lundi 9 juin. Un double symbole. La reprise économique au Kenya, après la crise qui a suivi l’élection contestée du 27 décembre dernier. Et le lancement de la plus importante OPA jamais réalisée en Afrique de l’Est : la mise en vente par l’État de 25 % du capital de Safaricom, premier opérateur GSM du pays – avec 74 % du marché à la fin de 2007, selon le cabinet norvégien Teleplan. L’action s’est envolée de 40 %, rapportant 70 milliards de shillings (1,15 milliard de dollars), ce qui valorise l’entreprise à 4,6 milliards de dollars. Safaricom représente désormais 40 % de la capitalisation du NSE.

Si plus de la moitié des investisseurs sont internationaux, 800 000 Kényans se sont rués dans les banques pour souscrire. Seules 21 % des demandes ont été satisfaites. Un succès populaire qui couronne la stratégie commerciale menée par l’opérateur depuis 2000. S’appropriant l’image de filiale GSM de l’opérateur public Telkom, une fierté nationale à sa création, cinq ans plus tôt, multipliant les points de vente, les affiches et les accords de distribution avec les vendeurs des rues, Safaricom a fait en sorte d’être partout. S’appuyant sur son partenaire britannique Vodafone (et numéro un mondial), propriétaire de 40 % du capital, il a ensuite multiplié les innovations pour fidéliser sa clientèle.

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Dernière trouvaille en date, le lancement, il y a un an, de l’un des premiers systèmes de M-paiement (M-banking) au monde. « M-Pesa est utilisé aujourd’hui par 2 millions de personnes et gère plus de 3 milliards de shillings par mois », commente Karim Ben Djemiaa, chargé de l’Afrique au sein de Greenwich Consulting. Grâce à quoi Safaricom est passé de 20 000 clients en 2000 à 10,5 millions l’année dernière, « dont 4 millions supplémentaires sur la seule année 2007 », ajoute Karim Ben Djemiaa. Les résultats sont au rendez-vous : hausse de 29 % du chiffre d’affaires, à 61,4 milliards de shillings sur le dernier exercice, clos en mars, et un profit avant impôts de 20 milliards de shillings (+ 19 %).

Orange se lance en septembre

Safaricom n’ira sans doute pas plus haut. Celtel ne se satisfait pas d’être réduit à un quart du marché. Sa maison mère, Zain, annonce 5 milliards de dollars d’investissements d’ici à 2012. Et deux concurrents vont entrer en lice. Et pas des moindres. Le français Orange a déboursé 390 millions de dollars fin 2007 pour 51 % de Telkom Kenya, qui avait été séparé de Safaricom en vue de cette vente. La transaction est assortie de l’attribution d’une nouvelle licence de réseau GSM, « qui entrera en service en septembre », annonce Marc Rennard, directeur exécutif international d’Orange pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Le sud-africain Econet Wireless devrait se lancer au même moment. Titulaire d’une licence depuis 2003, qu’il n’a jamais utilisée, il bénéficie depuis le début de l’année du soutien de l’indien Essar, actionnaire à hauteur de 49 % à la faveur d’une augmentation de capital.

Quatre opérateurs dans un pays de 35 millions d’habitants, dont un tiers déjà utilisateurs d’un cellulaire, ce qui représente l’un des plus forts taux de pénétration en Afrique subsaharienne : sur le papier, l’équation semble impossible. Pas pour Marc Rennard, qui estime le potentiel du marché à « huit millions de clients supplémentaires ». Pour en gagner une partie, il mise sur l’implantation rapide d’un réseau « sérieux » et sur des offres associant Internet et le téléphone, par exemple l’iPhone d’Apple, dont Orange a obtenu la distribution pour ses marchés africains. Econet Wireless ne s’est pour l’instant pas manifesté, mais pourrait adopter le modèle de son partenaire indien, réputé pour casser les prix afin de s’imposer. Entre la puissance de feu de Zain/Celtel, la technologie d’Orange ou encore la guerre des prix menée par Econet, Safaricom risque de ne pas garder bien longtemps une si grosse part du marché kényan des télécoms.

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