Le temps des outsiders
John McCain a moins de suite dans les idées que ne le pensent ses admirateurs : sa récente volte-face sur la question des réductions d’impôt en témoigne. Il est de tempérament explosif et se trompe sur l’Irak. Pourtant, quoi qu’en dise Barack Obama, il n’est pas un clone de George W. Bush.
Cet affrontement entre un ancien prisonnier de guerre au Vietnam de 71 ans et un avocat africain-américain de 46 ans est à tous égards passionnant, sinon historique. D’un côté, l’expérience, le jugement et l’indépendance ; de l’autre, la vision d’une Amérique différente. Il est assez stupéfiant que le jeune sénateur Obama soit venu à bout de la puissante machine Clinton pour arracher l’investiture démocrate. Malgré la préférence affichée par les « cols bleus » pour sa rivale, il a fait la campagne qu’il avait promise et réussi à transcender le problème de la race. Il n’est pas moins extraordinaire que McCain, ce franc-tireur imprévisible, ait été désigné par un parti qui jusqu’ici ne lui avait jamais fait confiance.
L’un et l’autre vont désormais devoir mener une campagne d’un nouveau genre et aller chercher des voix qui ne sont pas celles de leurs électeurs habituels. Pour Obama : les millions d’Américains qui, grâce à lui, s’intéressent à la politique pour la première fois. Pour McCain : les indépendants et les démocrates reaganiens.
Le premier est un leader politique comme il n’y en a qu’un par génération. Mais le second est un adversaire à prendre au sérieux. Leurs candidatures impliquent un certain nombre de choix sur la place de l’Amérique dans le monde. Quel qu’il soit, le vainqueur devra jeter aux oubliettes les errements et les illusions qui ont marqué ces sept dernières années.
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