Le dernier adieu aux armes de Ntumi
Le Conseil national des républicains (CNR) abandonne le terrain militaire pour se transformer en parti politique. Et participer aux prochaines élections.
En annonçant la dissolution de la branche armée de son parti, le Conseil national des républicains (CNR, ex-rébellion), le 9 juin, à Kinkala, chef-lieu de la région du Pool, Frédéric Ntumi Bintsamou vient de réactiver un processus en panne depuis son retour manqué à Brazzaville, le 10 septembre dernier. La décision a été rendue publique à l’occasion du lancement du Programme national de démobilisation, désarmement et réinsertion (PNDDR) des ex-combattants de son mouvement. « Nous sommes entrés dans une phase de politisation du parti, qui ne pourra pas décoller s’il ne rompt pas avec son passé belliciste, indique Philippe Ané, porte-parole du pasteur Ntumi, avant d’ajouter : ce renoncement aux armes est la preuve de notre bonne volonté. » Pour le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Alain Akouala Atipault, « il s’agit d’une excellente nouvelle qui va contribuer à résoudre la crise dans le Pool ».
Malgré le geste des ex-rebelles, de nombreuses questions demeurent pour que le calme revienne définitivement dans la région. Parmi elles : le départ du Pool des forces gouvernementales qui y avaient été envoyées pour mater la rébellion. Si le CNR l’exige, Brazzaville y reste opposé pour l’instant. Alain Akouala Atipault estime en effet que « l’armée est présente dans le Pool pour y jouer un rôle régalien, à savoir assurer la défense et la protection de la population. Il n’est donc pas question qu’elle s’en aille. » Pour le CNR, en revanche, « ces militaires n’étaient pas présents dans la région avant la guerre, et leur présence a conduit à des exactions et des exécutions extrajudiciaires. Ils doivent désormais regagner leurs casernes, la guerre est finie. »
L’autre incertitude à lever concerne le retour à Brazzaville de Ntumi pour y occuper la fonction de délégué général chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre, à laquelle il avait été nommé en mai 2007. Alors que le gouvernement n’y voit plus aucun obstacle, l’ancien chef rebelle estime, lui, que les « garanties suffisantes » pour assurer sa sécurité dans la capitale ainsi que l’instauration d’un véritable climat de confiance avec les autorités ne sont pas encore réunies.
Reste aussi et surtout à assurer la pérennité du processus PNDDR, dont le financement est assuré en grande partie par la Banque mondiale (11 millions d’euros) et par l’État congolais (770 000 euros). S’il doit permettre, à terme, de démobiliser quelque 30 000 combattants, beaucoup commencent à trouver que la prime, dite « fictionnelle », de 50 000 à 100 000 F CFA, perçue lors de leur retour à la vie civile, est dérisoire et qu’elle ne leur permet pas d’élaborer un projet susceptible de favoriser leur réinsertion économique et sociale d’une façon durable. Enfin, le CNR affirme avoir déjà rendu 1 675 armes depuis 2000 aux autorités, sans que la situation n’évolue significativementÂ
En attendant que Brazzaville et Ntumi accordent définitivement leurs violons, le CNR a décidé de présenter 347 candidats aux élections locales, dont le premier tour est prévu le 29 juin prochain. L’ambition affichée du mouvement est d’effacer le cuisant échec qu’il a essuyé aux législatives de l’an dernier.
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