La dernière ligne droite

Le scrutin présidentiel pourra-t-il se dérouler comme prévu le 30 novembre prochain ? Si oui, dans quelles conditions ? De la réponse à ces questions, que chacun se pose dans l’ensemble du pays, dépend le retour à la paix définitive.

Publié le 16 juin 2008 Lecture : 14 minutes.

On peut être docteur en histoire et avoir un trou de mémoire. À deux reprises ces derniers jours, lors d’un entretien télévisé puis en recevant, le 9 juin, une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, le président ivoirien Laurent Gbagbo a qualifié la situation que vit son pays depuis près de six ans de « drôle de guerre », précisant qu’il s’agit là d’une expression lancée par les Français « pendant la Première Guerre mondiale ». La réalité historique est bien sûr différente : la « drôle de guerre » a eu lieu deux décennies plus tard. Surtout, elle a précédé une vraie guerre : la Seconde Guerre mondiale.
Fort heureusement, ce n’est pas là le chemin que semble prendre la Côte d’Ivoire, mais bien celui de la paix. Une paix définitive, que chacun espère et dont l’acte fondateur devrait être l’élection présidentielle du 30 novembre prochain, objet de toutes les craintes et de tous les fantasmes.
À près de cinq mois de l’échéance prévue, faut-il y croire ? Oui, plus que jamais, même si la date avancée pour la tenu du scrutin salvateur n’a encore rien de contractuel. Rarement processus électoral, dont chaque étape doit être validée et certifiée par l’ONU, n’a paru autant « bordé » que celui-là. Si dérapage il y a, ce ne sera donc pas le fait des « autres », mais des Ivoiriens eux-mêmes et tout particulièrement des trois principaux candidats à la magistrature suprême. Or tous les trois sont déterminés à aller aux urnes et, si tous les trois sont persuadés de l’emporter, aucun des trois ne saurait souhaiter que la Côte d’Ivoire redevienne un champ de bataille. Le pire, en effet, serait qu’à la drôle de guerre succède une drôle de paix.

Abidjan, pendant la saison des pluies, se distingue par une senteur de lagune indéfinissable, une suffocation humide à nulle autre pareille. On s’immerge dans un air pervers, suave et tiède, qui, en les exhalant, digère tous les autres éléments : la terre vénéneuse et gluante, les fumées de gasoil et de charbon de bois, la lumière morte sous le ciel gris, l’eau qui trempe tout, partout. On a coutume de dire que « le soleil brille pour tout le monde » : ici, au contraire, selon qu’on la traverse en 4×4 – la capitale économique ivoirienne se vante d’avoir repris la tête des immatriculations dans la sous-région – ou qu’on y patauge chez soi pour cause de déficience du réseau d’égouts, la flaque de boue putride, irisée d’huile lourde, fait la différence.

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« Ça repart fort ! »
Porteur, chauffeur, portier, restaurateur, tous ceux qui composent le comité d’accueil habituel à Abidjan donnent le ton en déclarant au visiteur, d’une même voix, que le pire est désormais derrière eux et que les affaires reprennent. Ce que semble confirmer le nombre des placards de « réclames » témoignant de la vivacité de la compétition commerciale locale, surtout dans le domaine, ô combien profitable, de la téléphonie mobile. Dans les interminables bouchons des échangeurs d’autoroutes urbaines saturées, on a tout loisir de comparer les panneaux sur lesquels Orange – recordman du chiffre d’affaires -, MTN le sud-africain, Moov et Koz’ – le petit dernier libanais : « On est ensemble » – se jouent d’une crise qui les a toujours épargnés.
Mais tous les secteurs de l’économie ne bénéficient évidemment pas d’une situation aussi favorable. On a alors tendance à incriminer moins la politique suivie par tel parti ou tel groupe, ou même l’action du gouvernement, que « la guerre » invoquée à tout bout de champ comme une sorte de maladie générique, d’origine obscure, endurée par tous sans avoir été voulue par quiconque et que chacun rend coupable de tous les maux dont souffre le pays. Ce pourrait presque être un phénomène météorologique : il y aurait eu « la guerre » comme on a eu « la pluie », et l’on serait bien content qu’elle ait enfin cessé !

« Se salir pour mieux apprendre »
Cette leçon en forme de slogan publicitaire a pour auteur Omo, une marque de lessive. On l’a censurée, m’a-t-on dit, à la télévision ivoirienne. Serait-ce par souci d’éviter des analogies trop faciles ? Pour autant qu’il existe des guerres propres, la guerre civile est en effet sans doute encore plus sale que les autres. Elle a balayé la Côte d’Ivoire, et les Ivoiriens n’en sont pas encore revenus. En l’absence de destructions spectaculaires tout autant que d’un bilan global, ils se contentent aujourd’hui de prendre progressivement conscience de l’ampleur des dégâts subis sur le plan humain. Ils ont perdu confiance non seulement en ce qui concerne les engagements pris par leurs adversaires, mais en eux-mêmes. Cette « Suisse de l’Afrique », tellement enviée sous la présidence d’Houphouët-Boigny, a été brutalement ramenée aux standards du continent.
Sur le plan international, la Côte d’Ivoire a changé de statut : c’est elle, jadis mentor de ses voisins et arbitre dans leurs conflits, qui a désormais besoin de leur médiation (telle celle du « facilitateur » burkinabè Blaise Compaoré). Enfin, la quasi-disparition du « tuteur » français laisse un vide symbolique que les nouvelles relations d’intérêts – avec la Chine, le Japon, les États-Unis ou les Émirats – ne sont pas près de combler. Ce pays saura-t-il dans l’avenir faire son miel des épreuves traversées et « mieux apprendre » la paix à laquelle il aspire ?

Normalisation, mode d’emploi
La question du bon déroulement du scrutin, programmé pour le 30 novembre prochain, est bien sûr celle que chacun se pose et celle dont la réponse conditionne toutes les autres. Sans un pari positif sur l’avenir, pas de reprise de l’investissement, des contrats suspendus, une coopération en sommeil, des bâtiments publics abandonnés dans l’attente de leur réhabilitation, et j’en passe.

Les éléments qui permettent d’espérer des élections à la date prévue ou à une période approchante :
– Les pressions internationales. Les forces étrangères qui militent pour que le pays recouvre son unité ont aujourd’hui plus de poids que celles désireuses de porter atteinte à l’intégrité nationale. En outre, le Conseil de sécurité de l’ONU semble prêt à exercer ses responsabilités au moins jusqu’au terme du processus électoral, par Onuci (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire) interposée.
– Le démantèlement de la « zone de confiance », qui incarnait sur 600 kilomètres la partition du territoire entre forces gouvernementales, au Sud, et Forces nouvelles, au Nord, ainsi que le retour à la libre circulation dans l’ensemble de la Côte d’Ivoire. Celle des personnes est, depuis peu, totalement acquise, ainsi que le confirment tous les témoignages. Le constat reste, hélas, moins souriant en ce qui concerne les passagers des bus et les marchandises, surtout en cette période de hausse des prix encore aggravée par la surtaxation aux barrages. Mais le moins que l’on puisse dire est que la chasse au racket semble bel et bien ouverte, dans les médias comme au gouvernement, et l’on a tout lieu de croire que l’économie n’en reviendra pas bredouille.
– Les opérations d’identification et de recensement tendant à « inscrire les citoyens sur les listes électorales selon des modalités consensuelles et transparentes » (rapport ICG du 22 avril 2008), dont les audiences foraines (closes le 13 mai dernier) ont constitué l’étape préliminaire. Dans ce contexte, selon des chiffres de l’Onuci, en avril dernier, sur près de 600 000 requêtes, 488 000 jugements supplétifs d’actes de naissance (100 000 de plus selon le gouvernement) ont été accordés à des résidents nés en Côte d’Ivoire, de nationalité ivoirienne (415 000) ou étrangère (73 000), qui n’avaient jamais été déclarés à l’état civil. Même si certains en espéraient encore davantage, le résultat de l’opération est impressionnant.
La « bataille de l’identification » de la population, déclenchée lors des accords de Ouagadougou, fait donc rage, pour la bonne cause celle-là ! En outre, le pouvoir ivoirien bénéficie désormais du puissant concours technique de l’entreprise française Sagem Sécurité, qui récoltera la bagatelle deÂÂÂ 67 milliards de F CFA pour mettre un terme aux discriminations parmi les « sans-papiers ». La modernisation de l’état civil ivoirien est à l’ordre du jour, informatisation et numérisation aidant. S’il ne s’agissait que d’afficher une volonté de façade dans ce domaine, pourquoi le gouvernement ivoirien aurait-il choisi de se tirer une balle aussi chère dans le chéquier ?
– Le redéploiement de l’administration. Il est largement amorcé, qu’il s’agisse du secteur « sensible » des services fiscaux et douaniers de l’État dans les zones FN (le 12 mai dernier, à 625 km d’Abidjan, à la frontière du Burkina, le dynamique ministre des Finances, Charles Diby Koffi, a réinstallé avec succès vingt-six agents dans les bureaux des douanes de Ouangolodougou) ou des préfectures nouvellement rouvertes.
À Bouaké, les deux secrétaires généraux qui assistent le préfet de région se déclarent, d’une même voix, satisfaits du bon déroulement de l’actuelle phase de « cogestion et de partage des missions » – avec les Forces nouvelles qui contrôlent encore la zone. Il est clair que les difficultés ne manquent pas, dans une ville dont on estime qu’elle a perdu le tiers environ de ses habitants, où les façades aux vitres brisées, souvent carbonisées, donnent la mesure des travaux à réaliser avant une pleine restauration du cadre urbain. Mais, à l’évidence, le climat politique n’y a plus rien à voir avec celui de la guerre civile.
– Le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants rebelles et des miliciens proches des loyalistes. C’est bien sûr le « gros morceau », qui conditionne le retour de la paix et, partant, la reprise du processus démocratique.
Remarquons tout d’abord que les armes se sont totalement tues, que les brigades mixtes paritaires prévues dans l’Accord politique de Ouagadougou remplissent leur office et que, depuis plus d’un an déjà, pas une seule fois les observateurs de l’Onuci n’ont eu à tirer la sonnette d’alarme.
Paradoxalement, « l’affaire Zakaria Koné » confirme la commune volonté des protagonistes d’éviter toute anicroche dans la question sécuritaire. De quoi s’agit-il ? En apparence, d’un non-événement : « Zak », le fringant « com-zone » de Séguéla, s’était fait porter pâle en profitant d’une permission pour raisons de santé afin de « sécher » une cérémonie de regroupement de ses ex-combattants. Le samedi 17 mai, le lendemain de son délit, il s’en expliquait au téléphone comme d’un bon tour joué par un potache à ses professeurs. Mais, moins de vingt-quatre heures plus tard, la sanction tombait, au pas lourd des éléments du groupe Anaconda expédiés sur place par le nouveau commandant (intérimaire) de la zone, Issiaka Ouattara (le célèbre Wattao) : Zakaria était viré sans préavis !
Et le Premier ministre, Guillaume Soro, de préciser aussitôt, à l’usage des malentendants, qu’il ne tolérerait plus « aucun acte d’indiscipline ». Quel que soit l’avenir, cette sanction met en lumière la volonté commune des autorités de poursuivre à marche forcée le programme de désarmement, de restructuration et de réinsertion des forces ivoiriennes, avec un degré de « tolérance zéro » à l’égard de ceux qui chercheraient à se mettre en travers de leur action.
Enfin, un élément d’appréciation purement politique. Tous les principaux candidats à l’élection présidentielle (Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et Konan Bédié) semblent de bonne foi en exprimant, chacun pour les raisons qui sont les siennes, la même conviction : ils sont certains de leur propre victoire dans le cadre d’élections libres. Le dernier protagoniste, Guillaume Soro, qui, lui, n’est pas candidat, ne trouverait qu’avantage à voir son image d’ex-chef rebelle devenu Premier ministre confortée par la reconnaissance d’un rôle positif dans la normalisation politique et sociale de son pays en vue d’élections libres. Donc, dans un tel contexte, qui aurait encore intérêt à y faire obstacle ?

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Les arguments qui incitent à douter de la poursuite harmonieuse du processus démocratique n’en sont pas moins convaincants, concernant parfois les mêmes données.
J’en veux pour exemple l’Onuci, censée représenter les yeux et les oreilles de la communauté internationale et dont on a salué ici la présence : les Ray-Ban de ses officiers et les immenses antennes plantées sur les 4×4 immaculés qui sillonnent le pays jouent-elles réellement le rôle qu’on en attend ? Ces troupes sont-elles suffisamment en immersion dans la population ivoirienne pour y détecter, le cas échéant, des mouvements suspects ?
Quant à l’identification, chacun sait qu’elle n’a pas été menée à son terme. On attribue les retards tantôt à des contraintes « techniques », tantôt à des difficultés financières, qui permettent à chacun de s’exonérer d’éventuels reproches ou de masquer les intérêts personnels divergents des différents candidats. Vouloir considérer que les élections seront organisées sur un terrain parfaitement aplani dans ce domaine est une gageure, ou un mensonge.
De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer des audiences foraines « bâclées », qui n’auraient produit qu’un sixième des résultats escomptés. Et la Sagem, certes portée à l’indulgence par les conditions financières qui lui sont garanties par contrat, ne s’en plaint pas moins des nombreuses entraves lui interdisant d’effectuer sa mission dans les délais convenus.
Un mot du redéploiement : j’ai évoqué la bonne volonté des fonctionnaires de Bouaké, manifestement résolus à rétablir au plus tôt les services publics dans leur circonscription. Comment ne pas ajouter que leur « préfecture provisoire » n’est qu’une modeste villa excentrée sur une piste de la périphérie, sans un panneau qui y conduise ni une plaque ou un drapeau qui la signale ? La « vraie » préfecture est, elle, en attente de réhabilitation, à l’instar de la plupart des bâtiments officiels et des résidences des fonctionnaires, certes redéployés sur le papier mais aussi condamnés dans la réalité à vivre éloignés du poste auquel on les a nommés tant qu’ils ne disposent pas d’un logement susceptible de les accueillir.
Le volet « désarmement, démobilisation et réinsertion » est encore, si faire se peut, en plus piteux état. Les propos et le comportement toniques d’un Chérif Ousmane (voir J.A. n° 2474), véritablement acharné, avec les seuls moyens du bord, à faire rentrer « ses » hommes dans la vie civile et professionnelle, ne doivent pas faire illusion. On en est encore à évaluer « au doigt mouillé » le nombre des combattants dont disposent les FAFN et plus encore, à la centaine de tonnes près, l’armement dont ils bénéficient (sur 988 combattants regroupés à Bouaké, seulement 5 armes, 98 munitions et 5 grenades ont été recueilliesÂÂ).
Pour ce qui concerne la construction de la nouvelle armée ivoirienne refondée, on fera difficilement l’économie d’un accord sur les grades permettant d’absorber au rang qui leur convient les effectifs des Forces nouvelles. Comme chacun sait, cet accord n’est pas du tout signé L’opération de « profilage » des ex-combattants, encore handicapée par un service civique resté dans les limbes, n’est donc, à cette heure, qu’une fleur de rhétorique dans la bouche des politiques.
Pour toutes ces raisons, la détente sans laquelle tout espoir d’aller aux urnes, en novembre, en décembre ou en janvier, se révélerait vain, reste bien fragile, avec une deuxième ligne politique sans doute plus prompte à s’embraser que les leaders de la première apparemment acquis, pour l’heure, aux vertus du compromis.
Reste à savoir, enfin, quelle sera l’issue d’un scrutin dont les résultats ne sauraient, en toute hypothèse, apporter une satisfaction égale à chacun des candidats. Mais là, c’est une autre histoire !

Pendant la crise, les travaux continuent…
On a tant écrit sur Yamoussoukro qu’il n’est pas impossible que le qualificatif « pharaonique » quitte bientôt les bords du Nil pour aller s’installer sur les rives du lac aux Crocodiles, près du palais du président Houphouët-Boigny, dont la future capitale de la Côte d’Ivoire fut la ville natale. Lors de mon précédent passage, il y a des lustres, si tout avait déjà été décidé par le « Vieux », rien n’était encore construit. Seule ­l’autoroute, tranchant la brousse comme l’épée d’un Zorro géant né à l’île de Pâques, manifestait alors la volonté suprême de transformer cette région d’étangs et de collines verdoyantes en une sorte de planète Mars. Inutile de dire que l’ambiance était, alors, chez les visiteurs, au rire sous cape, pour ne pas énerver les crocodiles du palais !
Aujourd’hui, changement de climat. D’abord, les premières réalisations coupent littéralement le souffle, à commencer par cette basilique Notre-Dame-de-la-Paix, immense et somptueuse. Ensuite, si toutes les pyramides ne sont pas encore sorties de terre, le sol a déjà été dompté par les dizaines d’engins qui le labourent, le creusent ou le modèlent en autant de fondations ou de socles donnant désormais une vision concrète de la métropole à venir. Chaque chantier dispose d’une estrade qui fournit un point de vue tant sur les travaux qui se poursuivent en toute transparence aux pieds du visiteur que sur leur inscription dans un plan urbanistique global dont on intègre vite l’axe majeur (une Voie triomphale de 120 mètres de large) ainsi que la logique et la majesté.
Certes, je n’ai pas « tout aimé » dans ce qu’on m’a montré. Face à la carcasse prometteuse du futur Parlement – 80 000 m2, le plus grand d’Afrique -, dont l’élégante architecture couronne déjà les hauteurs de la ville, l’hôtel de la Maison des députés, ceint d’un mur hérissé de pointes – des hommes cachés sous de grands chapeaux de paille y mettent la dernière main -, ressemble à un Guantánamo planté en pleine Cité interdite.
Les Chinois, responsables de la construction de cette pagode babélienne, n’ont pas eu la main légère ! Notre guide, un peu désolé, nous fait remarquer que tout, depuis les extincteurs dans les couloirs (leurs ravissants idéogrammes ne manqueront pas d’intéresser les sauveteurs locaux en quête d’un mode d’emploi !) jusqu’à l’éclairage blafard des chambres, en passant par le bois du mobilier, des portes massives et des plinthes, est made in China. Résultat : du « sous-Shanghai » dont on saura bientôt ce qu’en pensent les députés ivoiriens.
Mais cette incongruité n’est qu’un détail dans l’ensemble du dispositif urbain. Pour s’y retrouver, il n’est que de suivre le réseau des panneaux indicateurs, très visibles, qui balisent le site sur toute son étendue : « PFO – chantier 210 – le Parlement », ou, plus loin : « PFO – chantier 228 – palais présidentiel », etc. PFO : j’allais oublier:Â Il s’agit, bien sûr, de l’entreprise de Pierre Fakhoury, l’architecte ivoiro-libanais, dont la basilique fut ici le geste inaugural et qui est désormais en charge de la plus grande partie de ce fantastique projet de Brasilia africaine.
Je ne suis ni architecte ni ingénieur des Mines : ma seule remarque concernant cette entreprise sera donc celle d’un simple promeneur. On distingue un « chantier Fakhoury » à ceci : il n’y a pas un papier qui traîne ; les véhicules, correctement entretenus, y sont rangés côte à côte ; et, surtout, qu’on y interroge un chauffeur, un contremaître ou un gardien, tous savent la nature de leur tâche et l’ampleur d’un enjeu auquel ils semblent fiers de participer.
L’inlassable activité de Fakhoury déborde évidemment les limites de Yamoussoukro. Dans le « Grand-Abidjan » d’un futur proche, il sera le principal artisan de l’extension du Port autonome de Vridi – actuellement saturé -, grâce au pont, prolongé par une autoroute elle aussi suspendue, qui doit relier Yopougon à l’île Boulay. La première pierre devait être posée à la fin du mois de mai. La cérémonie a été repoussée au 11 juin dernier, pour cause de mauvais état de la voirie, qui n’était pas digne du passage d’un cortège officiel !
On a eu chaud ! Sans la ferme bonne volonté du président Gbagbo, quelques ornières dans la chaussée n’allaient-elles pas faire obstacle à la mise en route des chantiers du nouveau port et du plus grand pont d’Afrique ?

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