Jean-Pierre Favennec

Directeur chargé de mission à l’Institut français du pétrole (IFP)

Publié le 16 juin 2008 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique : La flambée des hydrocarbures va-t-elle durer ?
Jean-Pierre Favennec : Les prix ne reviendront pas en dessous de 100 dollars et pourraient même monter à 150, voire 180 dollars le baril. Les capacités de production ont du mal à suivre l’augmentation de la demande. Les réserves sont là, autour de quarante ans au niveau actuel de production, mais 80 % sont dans les pays de l’Opep, dont les deux tiers dans le golfe Persique. Ces pays estiment qu’ils n’ont pas intérêt à augmenter leurs capacités de production.

À combien revient la production d’un baril ?
De l’ordre de 5 dollars au Moyen-Orient. En Afrique de l’Ouest, nous sommes entre 10 et 15 dollars, peut-être 20 dollars dans les gisements compliqués. Dans les zones les plus difficiles, comme en mer du Nord, il faut compter 30 dollars. Ensuite, compte tenu de l’évolution des cours, un baril de pétrole quitte le Nigeria à 130 dollars actuellement. Il arrive à Dakar à 135 dollars et, quand il sort sous forme de produits raffinés, il est à 140 dollars. Il y a certes des gains à faire dans la transformation, mais ils sont limités. Il faut toutefois ajouter que le coût des investissements de prospection a été multiplié par trois ces dernières années. Lorsque ce pétrole arrivera en production, il sortira à 60 dollars le baril.

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Que peuvent faire les pays importateurs pour encaisser le choc ?
Le président Wade a proposé une formule en estimant que le Sénégal ne pouvait pas payer un baril au-dessus de 29 dollars. Selon lui, le surplus doit être pris en charge par les organisations internationales, les pays producteurs et les compagnies pétrolières. Personne ne s’est précipité pour mettre cette mesure en ÂÂuvre ! Mais le constat est bon. Dans l’immédiat, il faut constituer un fonds pour éviter que ces pays ne soient en trop grande difficulté. Il faut aussi les aider à baisser leur consommation par des économies d’énergie. Mais ce sera très difficile : un Africain de l’Ouest consomme déjà cinquante fois moins de pétrole qu’un Américain et trente fois moins qu’un Européen. Une autre piste concerne la recherche de nouveaux substituts aux produits pétroliers.

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