France-Côte d’Ivoire : vers le rabibochage

Publié le 16 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

La visite de Bernard Kouchner à Abidjan, prévue pour les 14 et 15 juin (alors que ce numéro de J.A. était déjà bouclé), devait être lourde de sens. Il s’agit en effet du premier voyage en Côte d’Ivoire d’un chef de la diplomatie française depuis celui de Dominique de Villepin, en janvier 2003. À l’époque, ce dernier fut hué par des manifestants accusant l’ex-puissance coloniale de faire le jeu du pouvoir : les premiers signes du désamour entre la France et le pays d’Houphouët, avant la rupture de novembre 2004, quand les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) bombardèrent le camp de Bouaké, tuant 9 soldats français et 1 civil américain. En représailles, les forces françaises anéantirent la flotte aérienne ivoirienne.
Aujourd’hui, Paris et Abidjan veulent normaliser leurs relations. Deux conditions sine qua non sont réunies. Les Ivoiriens se sont – au moins sur le papier – réconciliés depuis la signature, le 4 mars 2007, de l’accord de Ouagadougou. Et les hommes ont changé : Nicolas Sarkozy a succédé à l’ennemi juré de Laurent Gbagbo, pour qui aucun rapprochement n’était envisageable tant que Jacques Chirac était à l’Élysée. Depuis son arrivée au pouvoir, le président français a rencontré à deux reprises son homologue ivoirien : lors de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre dernier, et du sommet Union européenne-Afrique, en décembre.
Des premiers pas vers un rabibochage, même si, côté français, on estime qu’il faut encore quelques garanties autour de l’organisation d’une élection présidentielle transparente avant que la visite du ministre des Affaires étrangères n’ait lieu. Aujourd’hui, la fixation d’une date pour le scrutin – le 30 novembre 2008 -, et le déroulement des audiences foraines ainsi que des inscriptions sur les listes électorales sont considérés comme autant de cautions sérieuses.
Toutes les pommes de discorde n’auront pour autant pas disparu avec le voyage de Bernard Kouchner. Le mystère demeure autour de la disparition, en avril 2004, du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, tandis que la question de l’indemnisation des Français contraints de fuir la Côte d’Ivoire après les événements de novembre 2004 est toujours pendante.
Le symbole d’une normalisation totale, ce serait une visite de Nicolas Sarkozy en Côte d’Ivoire ou de Laurent Gbagbo en France. Impossible avant l’élection, estime-t-on à Paris. Mais possible après, et quel que soit le vainqueur, insiste-t-on. Comme pour montrer que le temps des favoris et des bêtes noires est fini.

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