Faustin-Archange Touadéra

Premier ministre de la République centrafricaine

Publié le 16 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Jusqu’au mois de janvier, Faustin-Archange Touadéra (51 ans) était recteur de l’université de Bangui : un parfait inconnu hors du monde universitaire. Contre toute attente, c’est pourtant à cet homme sans appartenance politique ni passé militant que le président François Bozizé a fait appel pour prendre la tête du gouvernement. « Je ne m’y attendais pas du tout, confie-t-il, mais je considère cette nomination comme une mission : apporter ma contribution au développement de mon pays. » Le Premier ministre centrafricain nous a rendu visite le 12 juin. Calme, élégant et discret, il nous a confié tout le bien qu’il pense de Jeune Afrique, « un journal qui rend d’énormes services au continent grâce à la qualité de ses informations ».

S’il rechigne à parler de lui en termes ethniques, Touadéra concède qu’il est issu d’une famille banguissoise originaire de Damara, à 75 km au nord de la capitale. Fils d’un chauffeur et d’une cultivatrice, il manifeste très tôt un don pour les mathématiques. Au terme d’un parcours qui le conduit de l’université de Bangui à celles d’Abidjan, Lille et Yaoundé, il obtient un doctorat d’État en mathématiques pures. Membre de l’Association nationale des étudiants centrafricains, il se souvient avoir contribué, parmi beaucoup d’autres, bien sûr, à la chute de Bokassa Ier. Dès 1987, il entame une carrière d’enseignant à l’université de Bangui.
Son pays étant en proie à des flambées de violence récurrentes, Touadéra sait que de redoutables épreuves l’attendent. Il ne s’en effraie pas : « C’est une question de conviction, explique-t-il. En tant que mathématicien, ma vocation est de résoudre les problèmes. » Sa mission à la tête du gouvernement ? « Une traduction en actes de la politique et des orientations du chef de l’État. » En tandem.
A-t-il pour autant les mains libres ? « Dans le cas contraire, je n’aurais pas accepté », jure-t-il. Parmi les défis qu’il va devoir relever figurent de nombreux dossiers hérités des précédents gouvernements. Les arriérés de salaires, par exemple, qui courent sur plusieurs années. Pour apaiser le climat social, le Premier ministre privilégie le dialogue et s’efforce de convaincre les fonctionnaires des difficultés, bien réelles, du gouvernement. Mais son chantier le plus important reste la lutte contre la fraude, dont les conséquences sur le Trésor public sont à l’évidence désastreuses. Il ne croit pas que la corruption soit liée à l’extrême pauvreté des Centrafricains. « Le problème est ailleurs, dit-il. Il y a des pauvres pleins de dignité. » Sur l’arrestation du Congolais Jean-Pierre Bemba, Touadéra reste discret. Ses compatriotes ont accueilli la nouvelle comme « un besoin de justice », se borne-t-il à commenter.
Depuis qu’il est à la tête du gouvernement, ce père de famille dont l’épouse travaille dans un cabinet comptable se lève tôt et se couche tard. Mais il n’a pas encore touché le moindre salaire. Comme son prédécesseur, il continue de rouler dans une modeste Nissan Sunny japonaise.

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