Dans l’ombre d’Ahmadinejad…

Conseiller et ami de longue date du président, Mojtaba Samareh-Hashemi est aussi présenté par certains observateurs comme son éminence grise.

Publié le 16 juin 2008 Lecture : 3 minutes.

Officiellement, ce n’est qu’un des nombreux conseillers de Mahmoud Ahmadinejad. Chacun sait pourtant que Mojtaba Samareh-Hashemi est le « mentor » du président iranien, ou tout au moins son bras droit. Lorsque ce dernier est en déplacement, il est rare que Samareh ne soit pas à ses côtés. « Nous sommes des collègues, dit-il cependant. Je fais ce que le président me demande de faire. Naturellement, les amitiés que l’on noue à l’université sont plus fortes et durent plus longtemps. » Mais il ne dément pas qu’Ahmadinejad se tient derrière lui pendant les prières quotidiennes. C’est un signe du respect que l’on a pour quelqu’un que l’on juge plus croyant que soi.
Beaucoup d’observateurs s’interrogent encore sur les raisons du succès d’un groupe de militants locaux sortis de l’ombre aux municipales de 2003 et qui ont mis la main sur la présidence deux ans plus tard. Ahmadinejad s’est fait élire au terme d’une campagne centrée sur la lutte contre la corruption et sur la promesse d’une redistribution plus équitable de la richesse pétrolière. « C’est le peuple qui a choisi », dit Samareh. Il dément qu’il y ait eu le moindre soutien des Gardiens de la révolution. « Les Gardiens de la révolution se contentent de voter », comme tout le monde. Contrairement à ce qui se dit, Ahmadinejad n’avait aucun lien particulier avec eux.
Samareh avait été précédemment gouverneur adjoint de la province du Kurdistan et directeur général du recrutement au ministère des Affaires étrangères, puis brièvement ministre de l’Intérieur adjoint dans le gouvernement actuel. Il indique qu’il n’a pas combattu dans la guerre entre l’Iran et l’Irak et qu’Ahmadinejad était présent « quand c’était nécessaire » pour intervenir dans la logistique. Bien qu’ils aient milité activement avant la révolution de 1979, « comme la plupart des étudiants », ils n’ont jamais fait de prison sous le shah. Après 1979, ils ont également milité pour une « révolution culturelle » à la prestigieuse université Elm-o-Sanat (science et industrie). Cette action a entraîné la fermeture des universités pendant deux ans et l’expulsion des étudiants et des professeurs jugés anti-islamistes. Ahmadinejad et Samareh ont accusé des groupes politiques rivaux, des réformateurs et des conservateurs pragmatiques, dont beaucoup se sont battus pour la révolution et contre l’Irak, d’avoir trahi les idéaux de 1979.
Justice : c’est le mot qu’emploie Samareh pour définir le principe de base de la politique gouvernementale. Son langage ressemble beaucoup à celui que tient Ahmadinejad, même s’il est moins enflammé. La politique étrangère de l’Iran, affirme-t-il, n’est pas fondée sur l’idéologie, mais sur des principes qui sont, outre la justice, l’amour du prochain, le monothéisme et le respect de la dignité humaine. Cela n’interdit pas de bonnes relations avec les autres pays, sauf Israël, qui, dit-il, « ne respecte pas ces principes ». « Ce n’est pas une question d’idéologie, explique-t-il. Qui a envie d’être humilié ? Les Européens n’aimeraient pas être exploités et persécutés par les Américains, n’est-ce pas ? » Samareh laisse entendre que l’Iran accepterait d’avoir des contacts avec les États-Unis quels que soient les résultats de l’élection présidentielle de novembre, mais seulement d’égal à égal.
Ironisant sur les déclarations des opposants qui prétendent que des forces plus modérées ont fait leur retour dans les élections, il est convaincu que, « malgré quelques difficultés économiques qui surgissent de temps à autre », la popularité du gouvernement est intacte. Quand on lui demande quelles seraient les chances d’Ahmadinejad d’être réélu, sa réponse fuse : « La question ne se pose pas ! »

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