Bourse de Lagos : les raisons d’investir
Publié le 16 juin 2008 Lecture : 3 minutes.
Alors que les Bourses mondiales peinent à sortir de la tourmente née il y a un an avec la crise des subprimes, les places financières africaines affichent des records de progression successifs et impressionnants : 210 % sur les cinq dernières années. La Bourse de Lagos (Nigeria Stock Exchange, NSE) ne déroge pas à la règle. Sa capitalisation est passée de 2 296 milliards de nairas en 2004 (12,9 milliards d’euros) à 11 370 milliards en 2007, soit une hausse de 395 % en trois ans. Il est vrai que l’économie nigériane enregistre une croissance annuelle supérieure à 7 % en moyenne depuis 2003, avec une inflation maîtrisée, à 5,5 % en 2007. Ces performances macroéconomiques ont été obtenues à la suite de réformes majeures, fiscales et douanières, d’un solide programme de privatisations et surtout d’un ambitieux plan de restructuration bancaire. Le pays a ainsi confirmé, en février 2007, la notation BB accordée par Fitch et Standard & Poor’s. Consécutivement à la hausse des cours du pétrole, il a par ailleurs engrangé d’importantes réserves de change, ce qui lui permet de soutenir la stabilité du naira face aux monnaies étrangères et de contenir le risque de change.
Autant d’éléments qui expliquent pourquoi l’année 2007 a été particulièrement faste pour la Bourse de Lagos. Sa capitalisation a fait un bond de 89,12 % par rapport à 2006 : 10,1 milliards de nairas pour le marché des actions (+ 98,82 %) avec 212 sociétés cotées, dont 12 nouvelles, et 1,1 milliard pour le marché obligataire (+ 33,41 %) avec 92 titres cotés. La capitalisation boursière représente ainsi près de 72 % du produit intérieur brut du pays avec un volume de transactions s’élevant à 2,1 milliards de nairas (+ 347 %), soit un taux de liquidité de 20 %, contre 11 % en 2006.
L’activité boursière, entièrement électronique, bénéficie d’un environnement réglementaire sécurisé. Le NSE assure, cinq jours sur sept, les services de cotation, de négociation, de règlement et de livraison des titres sous le contrôle d’un organe de supervision, la Securities and Exchange Commission. Qui plus est, au regard des Bourses des pays émergents, le rendement du NSE est plutôt flatteur avec un taux de 63,3 %, quand les taux les plus performants comme ceux du Moyen-Orient plafonnent à 51,3 % (Oman) et que ceux de l’Inde et du Brésil étaient respectivement à 47,8 % et 41,7 %. Seul le marché chinois, avec 82,1 %, a réussi, en 2007, à dépasser Lagos.
Le Nigeria Stock Exchange offre donc aux investisseurs internationaux de réelles opportunités de placements rentables. Au total, les analystes boursiers recommandent d’acheter une quarantaine de titres compte tenu de leurs performances financières, notamment le bénéfice, le dividende distribué et le Price Earning Ratio (PER, rapport entre le cours de Bourse et le bénéfice net avant impôts, par action). De nouvelles introductions en 2008 et 2009 seront de nature à intéresser les investisseurs. Selon Latyr Diop, associate manager à la firme de courtage Afrinvest West Africa, ce sera notamment le cas d’entreprises évoluant dans les assurances comme Regency Alliance Plc, l’industrie manufacturière comme Fidson Healthcare Plc, mais surtout les télécoms. « Il est paradoxal de noter qu’aucune compagnie de télécommunications n’est encore cotée au NSE alors que nombre d’entre elles ont réussi à lever des fonds importants au moyen de placements privés », fait-il remarquer. Ce paradoxe devrait être corrigé prochainement puisque l’inscription à la cote de MTN Nigeria est annoncée.
Parmi les sociétés considérées comme les plus attrayantes figurent Ikeja Hotels et Skye Bank, qui présentent des PER autour de 10 (entre 6 et 6,5 en Europe pour les sociétés opérant dans les mêmes secteurs). En revanche, il faut éviter des valeurs comme Presco Plc (agriculture) ou Pharma-Deko, dont les PER « incroyables » flirtent avec la barre des 200. En dehors des pays d’hyperinflation comme le Zimbabwe, ces chiffres n’existent pratiquement nulle part au monde. Investir sur la Bourse de Lagos peut se révéler très rémunérateur À condition d’observer, plus qu’ailleurs, les réserves et précautions d’usage.
