Vu de Rosso : « business as usual »

Publié le 18 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

A l’image de ce qui s’est passé à Nouakchott, des Mauritaniens de Dakar ont, dès l’annonce de l’échec du coup d’État, le 9 juin, manifesté devant le siège de la Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS). Emmenés par leurs autorités diplomatiques – l’ambassadeur et le consul y sont allés de leurs youyous -, quelque deux cents personnes ont allègrement fustigé « les félons, les voyous, les parjures et les traîtres à la patrie ». Bref, « ceux qui veulent déstabiliser la Mauritanie ».
Hors du champ des caméras, certains ne cachent pas leur soulagement. Oui, ils ont été inquiets, mais « davantage
pour le pays que pour le régime ». Préférant un pouvoir certes critiquable, mais stable, à l’ouverture de la boîte de Pandore des pronunciamientos (très mauvais pour les affaires), ils ajoutent : « Comment des gens qui sont parvenus à s’emparer d’autant de symboles – de la présidence de la République à l’aéroport, en passant par le siège de la gendarmerie et celui de l’état-major de l’armée –, ont-ils pu
finalement échouer ? »
Au point de passage de Rosso, sur la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, le trafic est intense, dans les deux sens. On s’échange des informations plus ou moins vérifiées,
on colporte des rumeurs… En ce 11 juin, l’ambiance est celle de tous les jours. Seul élément inhabituel, la pré-sence discrète de quelques militaires sénégalais fortement armés. Ils ont été dépêchés sur les lieux la veille. De source proche de la sécurité sénégalaise, on indique que le dispositif
a été mis en place afin d’éviter « que des gens recherchés en Mauritanie viennent se réfugier ici, après leur coup ». La frontière n’a pas été fermée pendant les combats à Nouakchott, même si, dans la journée de dimanche, le flux des véhicules s’est fortement ralenti. Dès le lendemain, les choses ont repris leur cours normal. Les petites pirogues à pagaie ou à moteur ont continué de concurrencer le ferry qui relie les deux rives du fleuve…
Côté mauritanien, dans les rues de l’autre Rosso, tout le monde fait comme si rien ne s’était passé. Négoce tous
azimuts. « Pour une fois, vous, les étrangers, n’avez aucun problème pour vous rendre à Nouakchott. À condition que vos papiers soient en règle. Ceux qu’on recherche sont des Mauritaniens, même si ce sont des voyous », confie un commerçant. Non, depuis l’échec du putsch, il y a trois jours, il n’a remarqué aucune affluence inhabituelle. Ce n’est qu’au bout de deux heures de flânerie entre les boutiques bien approvisionnées que je verrai passer une Jeep transportant des militaires lourdement armés…

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