[Éditorial] Cameroun : il faut saisir la balle au bond
Déjà en pleine crise économique, le Cameroun n’a pas pu mettre en place de mesures sanitaires drastiques pour lutter contre la pandémie de peur d’aggraver la situation.
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Georges Dougueli
Journaliste spécialisé sur l’Afrique subsaharienne, il s’occupe particulièrement de l’Afrique centrale, de l’Union africaine et de la diversité en France. Il se passionne notamment pour les grands reportages et les coulisses de la politique.
Publié le 26 juin 2020 Lecture : 2 minutes.
Cameroun : les réformes, ces autres victimes du coronavirus
Entériné à l’issue du Dialogue national, le processus de décentralisation a abouti à l’organisation d’élections locales en février. Mais la pandémie de Covid-19 a gelé la mise en place des autres mesures, laissant l’opposition sur sa faim et compliquant un peu plus encore la situation économique.
D’une crise l’autre, le Cameroun plie mais ne rompt pas. Avant que l’épidémie de coronavirus ne se dissémine sur son territoire, le pays subissait déjà de plein fouet une crise économique due à la baisse de ses recettes d’exportation. Il était également affaibli par la persistance des exactions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord et par des troubles sociopolitiques dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’heure est à la lutte contre le virus tueur, mais, une fois celui-ci vaincu – à très brève échéance, espérons-le –, le Cameroun doit transformer ce péril (et les autres) en opportunités.
L’économie n’a pas été en capacité de tenir en apnée dans un confinement généralisé
Une réalité saute aux yeux : l’économie n’a pas été en capacité de tenir en apnée dans un confinement généralisé. Le gouvernement n’a d’ailleurs pas osé mettre en place cette mesure pourtant expérimentée dans les pays voisins. Même les restrictions adoptées, à l’instar du couvre-feu après 18 heures, ne sont restées en vigueur que trois semaines, en dépit de la progression des contaminations. Sans dispositif d’accompagnement, il fallait faire repartir l’économie pour ne pas risquer des troubles sociaux.
Innovations technologiques
Une leçon pour l’avenir : il est urgent de mettre en œuvre les innovations technologiques indispensables afin de dématérialiser les transactions et de mettre à jour le logiciel camerounais pour l’adapter aux besoins des entreprises du XXIe siècle. Il est tout aussi urgent de numériser les services publics pour limiter les contacts entre les usagers et les agents de l’État. Cette évolution aurait en plus l’avantage de contribuer à réduire le cancer de la corruption, ce qui devrait aider à améliorer l’attractivité du pays.
Le modèle de redistribution de la richesse nationale est obsolète
Le confinement a également jeté une lumière crue sur les inégalités sociales. Les confinés des beaux quartiers en télétravail n’ont jamais paru aussi éloignés de ceux de la ville pauvre, ces journaliers obligés de sortir de chez eux pour pouvoir faire bouillir la marmite. Pourtant, tous vivent dans un pays qui prévoyait, avant le Covid-19, 4,1 % de croissance du PIB en 2020. Mais celle-ci est loin d’être partagée, car le modèle de redistribution de la richesse nationale est obsolète depuis des lustres. Là encore, l’État devrait y voir matière à réformer.
Une vraie décentralisation
Outre le Covid-19, le Cameroun a encore le temps de saisir l’opportunité de la crise anglophone pour mettre en place une vraie décentralisation. Tout comme il peut se saisir de la guerre contre Boko Haram pour rééquilibrer sa politique d’aménagement du territoire en redoublant d’efforts dans les régions septentrionales. Des mesures qui contribueront à créer davantage de richesses.
Un secteur productif performant
Car l’un des enseignements de cette pandémie est que l’État est impuissant à protéger les Camerounais si ne s’affirme pas un secteur productif performant. Sans celui-ci, la résilience tant vantée n’est qu’un vain slogan.
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Cameroun : les réformes, ces autres victimes du coronavirus
Entériné à l’issue du Dialogue national, le processus de décentralisation a abouti à l’organisation d’élections locales en février. Mais la pandémie de Covid-19 a gelé la mise en place des autres mesures, laissant l’opposition sur sa faim et compliquant un peu plus encore la situation économique.
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