Tunis entre deux portes

Notre envoyé spécial a récemment découvert la capitale tunisienne. Il vous livre ses impressions.

Publié le 18 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Il y a toujours une bonne raison pour flâner dans les ruelles de la Médina de Tunis. Avec ses souks animés, ses cafés enfumés ou ses maisons closes aux portes béantes pour mieux laisser voir la belle alanguie… Dans cet espace resserré et tortueux, aux trottoirs encombrés et cabossés, tout est à vendre. Le contraste n’en est que plus fort dès que l’on quitte la Médina en passant l’ancienne Porte de France : la ville change d’époque, d’architecture…
Tunis l’Orientale s’efface pour laisser place à la ville européenne, symbolisée par l’avenue Habib-Bourguiba et sa perspective linéaire, ouverte en direction de la mer toute proche. Vitrine impeccablement entretenue, elle ne déparerait dans aucune ville du sud de l’Europe. La grande artère est bordée de chaque côté de vastes terrasses envahies par une jeunesse qui a fermement décidé, en ce début de soirée, de vivre sa vie, entre éclats de rire et oeillades plus ou moins insistantes.
Le vent marin s’engouffre le long de cette avenue qui fait la fierté des Tunisiens. Il vient rafraîchir la cité surchauffée par les embouteillages et la foule considérable qui déambule à toute heure sur les larges trottoirs. La brise du soir fait danser l’eau des fontaines de la place du 7-Novembre qui vient éclabousser les jolies filles en pantalons moulants et nombril à l’air, sous le regard amusé des policiers. Adolescence rieuse et décontractée, à l’ombre des uniformes dont la présence permanente ne semble avoir d’autre but que de rappeler, avec insistance, cette exigence de sécurité aujourd’hui recherchée par le pays. Elle n’empêche pas, en tout cas, les petits trafics en tout genre, menés dans les passages obscurs qui jouxtent la grande avenue. Les dinars changent rapidement de main dans l’indifférence générale.
Mon chauffeur de taxi ne prête aucune attention au brouhaha de la ville, trop occupé à slalomer entre les voitures en se taillant la route à grands coups de klaxon. Passionné de football, il n’a toujours pas digéré la défaite, ce jour-là, de son favori, le Club africain, contre son rival tunisois de l’Espérance. Sa façon de conduire s’en ressent, son humeur aussi lorsqu’une Mercedes noire lui coupe le passage. Son conducteur préfère détourner la tête pour échapper à la colère du taximan.
Au fil des échangeurs et des bretelles d’autoroute, Tunis n’en finit pas d’étendre sa modernité. Le taxi arrive dans le quartier des Berges du lac, qui ne cesse de s’étendre au nord de la capitale tunisienne. Cette nouvelle excroissance tunisoise, un peu isolée du reste de la ville, rassemble sur plusieurs centaines d’hectares, bureaux, villas, immeubles résidentiels et centres commerciaux. Zone spacieuse et bien dessinée, elle manque pourtant d’animation. Les rues sont terriblement désertes, bien loin en tout cas de l’activité débordante des autres banlieues et de la chaleur méditerranéenne du centre-ville.
Une manière de tourner le dos au passé en s’ouvrant au vent du large. Une façon aussi de répondre aux besoins de logements et de bureaux d’une capitale en constant développement, passée de 500 000 habitants il y a plus de cinquante à plus de 2 millions aujourd’hui.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires