Scénarios autour d’une élection

Publié le 17 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Les dirigeants de l’Afriquecentrale ne cachent plus leur exaspération face à la concentration des fonctions internationales entre les mains des Ouest-Africains. Dernier exemple en date : l’élection à Beyrouth, en octobre 2002, d’Abdou Diouf à la tête de l’Organisation inter-nationalede la Francophonie (OIF) au détriment du Congolais Henri Lopès suite à des pressions françaises.
La tentative d’introduire dans la course un troisième homme, Miguel Trovoada, ancien président de São Tomé e Príncipe, aura du mal à abou-tir. Pour des raisons de délai dépassé de non-paiement des contributions budgétaires de l’archipel. Mais ni le président Omar Bongo ni ses voisins (encore moins l’intéressé lui-même) ne se découragent. La veille de la réunion de Sun City, les ministres des Affaires étrangères d’Afrique centrale se sont retrouvés le 17 mai à Brazzaville. Un témoin raconte : « Les ministres étaient gonflés à bloc. Ils ont élaboré le scénario suivant : Konaré Essy étant au coude à coude, la menace d’un blocage du processus électoral pousse les chefs d’État à trouver une solution de rechange en personne de Miguel Trovoada. » Depuis, un chèque représentant le montant des arriérés budgétaires de São Tomé e Príncipe est arrivé au siège de l’UA à Addis-Abeba. Qui apayé ? « Ce n’est pas important, rapporte notre témoin. L’essentiel est qu’à l’heure où je vous parle Miguel Trovoada est éligible. » Selon nos infor-mations, c’est le président Bongo qui aurait réglé les arriérés en question.
Ce scénario occulte une disposition contenue dans le règlement intérieur de la Conférence des chefs d’État, notamment l’article 42 portant
procédure de vote pour l’élection des membres de la Commission. En cas d’impasse électorale, c’est le vice-président élu qui assure un intérim
d’une année. Pour l’emporter, un candidat doit en effet rassembler sur son nom une majorité des deux tiers (36 voix). Lorsque, à l’issue du sixième tour, aucun des deux postulants ne réalise ce score, celui qui a obtenu le plus de voix reste seul en course. Même après le retrait de son rival, il devra obtenir la majorité des deux tiers. Si, à l’issue d’un nouveau tour de scrutin, le candidat encore en lice ne réunit pas le nombre de suffrages requis, le président en exercice à Maputo ce sera le Mozambicain Joachim Chissano – suspend les élections. Un intérim d’une année est alors assuré par le vice-président élu. Il s’agira soit du Rwandais Patrick Mazimhaka soit du Zambien Kasuka Mutukwa’s. Ce scénario arrange les affaires de l’Afrique australe qui voulait placer Chissano à la tête de la Commission, mais ce dernier ne quitte ses fonctions à la tête du Mozambique qu’en décembre 2003. Il pourrait donc briguer la présidence de la Commission de l’UA en 2004.
Les institutions africaines sont habituées à ce genre de situations. On se souvient de l’élection du Togolais
Edem Kodjo, candidat unique au
secrétariat général de l’OUA, en 1978.
Il avait fallu attendre 28 tours de scrutin
pour qu’il réunisse les 36 voix
nécessaires. Autre précédent : en 1983, ni Edem Kodjo ni son rival malien, feu Blondin Beye, n’avaient
réussi à réunir ces 36 voix. Le Nigérian
Peter Onu assura l’intérim pendant
deux années.

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