Djibouti : tout ce qu’il faut savoir sur le nouveau fonds souverain
Détenu par l’État et piloté par l’ancien directeur exécutif du Fonsis au Sénégal, le FSD a pour vocation de « générer de l’épargne pour les générations futures ».
Les autorités de la République de Djibouti lancent le Fonds souverain de Djibouti (FSD), doté de 1,5 milliard de dollars d’ici dix ans, conformément à la loi du 29 mars qui l’a institué. « Malgré la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie du coronavirus, le pays est décidé plus que jamais à investir dans l’avenir et l’économie de demain », précise le communiqué de la présidence djiboutienne.
Le FSD prend la forme d’une société anonyme de droit privé, dont le seul actionnaire est, et demeurera, l’État de Djibouti. « C’est un fonds d’investissement national et d’épargne intergénérationnelle investissant dans des projets ayant un impact positif sur l’économie, l’emploi et sur la gestion à long terme des réserves financières du pays, pour les générations futures », précise le deuxième article du texte de loi.
Investir à Djibouti, en priorité
Moins de 48 heures avant les célébrations de la fête nationale le 27 juin, Ismaïl Omar Guelleh (IOG), a déballé un cadeau qu’il destine « à tous les Djiboutiens ». Le président de la République profite d’une accalmie dans le calendrier sanitaire, pour se réinscrire dans le plan Vision Djibouti 2035, qu’il avait présenté à ses compatriotes au lendemain de sa réélection en 2016, pour lui servir de programme jusqu’au scrutin de 2021.
« Mesure phare de cette vision », le FSD se veut être l’outil de la transformation économique de Djibouti appelé, selon les vœux gouvernementaux, à tenir le rôle de hub commercial, logistique, portuaire et numérique pour l’ensemble de la sous-région. Le fonds investira en priorité à l’intérieur des frontières du pays, mais prévoit également de s’engager chez ses voisins, dans les secteurs des télécoms, de l’énergie, des nouvelles technologies, des infrastructures et de la logistique, du tourisme, de l’agriculture et de la pêche.
Placé sous la tutelle directe de la présidence, le FSD est dirigé par un conseil d’administration de huit membres, dont les représentants des principaux ministères. Le fonds est présidé par Mohamed Sikieh Kayad qui, après un passage à la Banque mondiale, occupe les fonctions de conseiller économique d’Ismaïl Omar Guelleh depuis quelques années.
S’inscrire dans la durée
En termes de fonctionnement encore : les administrateurs du fonds seront chargés de définir les grandes lignes stratégiques suivies par la direction générale, dont les rênes sont confiées au Sénégalais Mamadou Mbaye. Cet ancien de Polytechnique et de l’Ensae, était avant cela directeur exécutif du fonds souverain du Sénégal (Fonsis) pendant six ans.
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Mamadou Mbaye a quant à lui pour mission de structurer le fonds et d’en assurer le développement notamment via l’entrée d’éventuels partenaires nationaux et internationaux.
« Le Fonds n’est pas un capital-risqueur dont l’objectif est d’assurer des marges à court terme, assure la présidence djiboutienne dans son document. Le FSD s’inscrit dans la durée et son succès se mesurera par la constitution progressive de réserves financières importantes pour les générations futures ».
Des réserves constituées, outre des rendements du portefeuille de projets à venir et de l’optimisation des actifs transférés au fonds, de 40 % des parts détenues par l’État dans Great Horn Investment Holding (GHIH). La structure a été créée en 2016 pour gérer les infrastructures portuaires et logistiques du pays, ainsi que la totalité des actions de Djibouti Telecom et de la Société de gestion de la jetée du terminal pétrolier de Doraleh.
Djibouti a ajouté à la corbeille la totalité des parts de la société nationale, futur établissement public Électricité de Djibouti, ainsi qu’une dotation en capital d’un montant de 100 millions de dollars. Des flux récurrents doivent venir s’ajouter, dont une dotation à hauteur de 20 % des revenus issus des contrats de coopération militaire, une deuxième perçue sur les prélèvements effectués dans les zones franches, puis une troisième prélevée sur les redevances variables portant sur la réalisation et l’exploitation du gazoduc Éthiopie-Djibouti.
Au titre de ses statuts, le FSD a l’obligation « de réinvestir la totalité du résultat net de son activité », l’État ne pouvant se rémunérer qu’à hauteur de 10 % maximum de ce résultat net.
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