La Bible, le Coran… et la politique

Publié le 18 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Les tragiques événements du Proche-Orient et la récente création du Conseil français du culte musulman ont été, ces derniers mois, pour la presse occidentale, l’occasion de publier d’innombrables articles sur l’islam. Malheureusement, les auteurs des textes qu’ont cru devoir retenir beaucoup de journaux sont moins souvent des musulmans croyants et cultivés que des chrétiens, des juifs ou des agnostiques, qui, parfois, ont sur le message coranique et sur le monde musulman moins de connaissance véritable que de préjugés.
C’est ainsi qu’en des termes dignes d’un prédicateur chevronné un universitaire français fort respectable a pu écrire récemment qu’il faudrait « faire comprendre aux fidèles qu’il n’existe que deux religions de la Bible, et une religion autre, à bien des égards opposée, celle du Coran » (Alain Besançon, dans Le Figaro du 3 mai 2003). Ce genre de propos se retrouve dans les milieux fondamentalistes protestants qui entourent M. Bush, et aussi chez quelques prélats catholiques, en particulier le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, qui oppose souvent la tradition « judéo-chrétienne » à tout le reste… y compris la civilisation musulmane.
Mais la notion de « judéo-christianisme » est fort discutable. Dangereuse politiquement, elle est fausse théologiquement, car, dès ses origines, lors du premier concile de Jérusalem, l’Église du Christ s’est clairement séparée de la synagogue : entre l’Ancien et le Nouveau Testament, il y a, certes, une continuité, mais il y a aussi une rupture.
Il y a également une continuité et une rupture entre la Bible et le Coran. En rappelant que Dieu est le créateur de l’homme et de l’univers, que nous venons de Lui et que nous retournerons à Lui, que nous sommes, en ce monde, appelés à marcher selon la justice et à vivre dans la miséricorde, le message coranique se situe dans le prolongement des révélations antérieures, tout en s’écartant d’elles sur des points fondamentaux.
Les trois religions abrahamiques sont donc séparées par des divergences doctrinales, et unies par des convergences spirituelles. Il est important de connaître et de reconnaître, dans le respect mutuel, la spécificité de chacune de ces trois traditions ; mais il faut aussi découvrir et approfondir les valeurs éthiques qui leur sont communes : la dignité de toute personne humaine, le sens de la responsabilité personnelle, l’attention aux plus faibles (Al-Mustad’afin), la solidarité envers tous les peuples.
S’ils avaient davantage conscience de ces valeurs éthiques et spirituelles communes, les responsables et porte-parole des trois grandes religions révélées pourraient, beaucoup plus qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici, se concerter et réfléchir ensemble aux réalités politiques, nationales et internationales. Alors, au lieu d’être, comme ce fut trop souvent le cas, un facteur supplémentaire de tensions, de rivalités et de conflits, les religions pourraient, au contraire, apporter partout dans le monde – en particulier en Afrique et au Proche-Orient – une contribution appréciable à la recherche de la justice, condition de la paix.

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