Réforme judiciaire en RDC : Félix Tshisekedi met en garde le camp de Joseph Kabila
En pleine crise politique autour de la réforme judiciaire proposée par ses alliés du FCC, le président Félix Tshisekedi a critiqué lundi soir l’initiative de ses partenaires de la coalition.
Félix Tshisekedi a profité de son allocution télévisée, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance, pour durcir le ton alors que la coalition au pouvoir se trouve une nouvelle fois confrontée à d’importantes tensions. Le président congolais ne s’était pas exprimé depuis le début de la polémique sur la réforme de la justice initiée par ses alliés du Front Commun pour le Congo, dirigé par son prédécesseur Joseph Kabila.
Félix Tshisekedi a déclaré qu’« aucune majorité politique ou parlementaire, d’où qu’elle vienne, ne peut outrepasser les principes fondateurs de la République » et qu’il n’accepterait « sous aucun prétexte » la réforme du statut des magistrats. Selon lui, des réformes dans ce secteur « viendraient porter atteinte à des principes fondamentaux régissant la justice ».
Déposées début juin par les députés Aubin Minaku et Garry Sakata, les trois lois figurant dans ce projet de réforme, qui tend à renforcer les attributions du ministre de la Justice, ont déjà été validées par la commission politique de l’Assemblée, où le FCC est majoritaire. L’actuel ministre de la Justice, Célestin Tunda Ya Kasende, est un cadre du FCC.
« République des juges »
« La Justice recouvre peu à peu son indépendance. Les avancées enregistrées l’ont été au prix de sacrifices extrêmes. Elles ne peuvent être annihilées par des manœuvres d’arrière-garde qui s’observent chez certains de vouloir légiférer pour déposséder le Conseil Supérieur de la Magistrature du pouvoir judiciaire qu’il détient pourtant par la Constitution », a averti le président congolais.
« J’ai entendu certains parler avec ironie ou crainte de la République des juges. La réalité est plutôt que le pouvoir judiciaire demeure confronté à de nombreux défis en termes de ressources, de capacités et d’indépendance », a-t-il ajouté, en référence aux propos tenus par la présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda dans Jeune Afrique.
Depuis l’annonce de ce projet de réforme, la société civile, l’opposition et l’UDPS, le parti de Félix Tshisekedi, ont dénoncé un danger pour « l’indépendance de la magistrature ». La Conférence épiscopale et l’ambassade des États-Unis se sont également inquiétées des conséquences de ce projet.
La tension est montée d’un cran le 27 juin avec la brève interpellation du ministre de la Justice. Cette arrestation serait liée à un accrochage la veille en Conseil des ministres avec le chef de l’État, qui lui a reproché d’avoir transmis à l’Assemblée les avis du gouvernement sur les trois propositions de loi, sans consulter personne.
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