Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 16 mai 2005 Lecture : 7 minutes.

Noms de peuples, noms de lieux
Dans son interview (voir J.A.I. n° 2302), le président rwandais affirme qu’il y a, « dans l’est de la République démocratique du Congo [RDC], une population de culture rwandaise, mais de nationalité congolaise ». C’est inexact. Ces gens sont dans une situation similaire à la sienne propre, lorsque ses parents se sont réfugiés en Ouganda pour fuir les massacres au Rwanda en 1959. En RDC, le qualificatif désignant ethnies et tribus fait référence à la langue qu’elles parlent. Par exemple, on appelle les Lubas ceux qui parlent la langue luba. Ce n’est pas le cas des Banyamulenge. Ce terme désigne les gens qui habitent Mulenge. Ils sont des Tutsis rwandais, réfugiés sur la colline kivutienne de Mulenge depuis 1959 et ne veulent plus rebrousser chemin.
Justin Chirhuza, République démocratique du Congo

Ramsès II l’oppresseur
Dans votre Quiz (voir J.A.I. n° 2306), vous présentez le pharaon Ramsès II comme régnant sur l’Égypte lorsque Moïse décide de libérer les Hébreux réduits en esclavage. Les recherches montrent qu’il était effectivement le pharaon oppresseur de ce peuple. Durant ses soixante ans de pouvoir est né Moïse. Adolescent, celui-ci s’est réfugié au pays de Madiâne avant de retourner en Égypte pour libérer son peuple. Ramsès II était alors remplacé par son fils et successeur, Mineptah. C’est lui qui a perdu la vie dans les flots de la mer Rouge.
Salim Ben Tamou, Moroni, Comores

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Un « oui » pour l’Afrique
Dans un monde en pleine mutation, qui a tendance à s’unipolariser sous la coupe des Américains, l’Europe doit devenir un contrepoids de taille sur le plan géopolitique. Je remarque que les divers blocs économiques se construisent au détriment de l’Afrique. L’actuel débat sur le traité constitutionnel et le référendum qui en résulte en France (voir J.A.I. n° 2310) m’incitent à penser qu’une Afrique éprise de paix, de sécurité et de stabilité politique a besoin d’une Europe forte à ses côtés. Le « oui » va donner à cette dernière de l’envergure. Elle pourra mener une diplomatie unifiée, sous l’impulsion d’un véritable ministre des Affaires étrangères, qui travaillera sur les questions de paix et de sécurité dans les zones conflictuelles du monde et élaborera des politiques plus audacieuses et réalistes en matière d’aide humanitaire et au développement. L’Union européenne pourra encourager les regroupements en construction, comme l’Union africaine qui veut se donner les moyens d’impulser une dynamique nouvelle pour le continent. Certes, ce « oui » n’aura pas les effets d’une baguette magique, l’avenir de l’Afrique concerne en premier lieu les Africains, mais il équilibrera probablement le monde.

Rectificatif
Le Zimbabwe a fêté son indépendance le 18 avril, et non le 18 février comme nous l’avons indiqué par erreur (voir J.A.I. n° 2301). Que nos vigilants lecteurs et tous les Zimbabwéens veuillent bien nous en excuser.

Faure Gnassingbé « mal élu » ?
La succession du général Eyadéma n’est pas chose facile. Faure Gnassingbé dispose de deux atouts : son humilité et son discours, souvent convaincant. Mais il a été maladroit en acceptant son intronisation au lendemain du décès de son père, quoique son recul ait séduit la communauté internationale et une partie du peuple togolais. La meilleure solution n’est-elle pas la transition ? Elle permet de calmer les esprits, de consolider les acquis démocratiques, de réorganiser le pays et, surtout, donne le temps aux différents partis politiques d’apprendre à cohabiter. Je me souviens que l’un des motifs des troubles en Côte d’Ivoire était que le président Laurent Gbagbo avait été « mal élu ».

À propos du baisemain
Certains royalistes convaincus voient dans le baisemain un acte d’allégeance, de loyauté et de vénération. Consacré par le temps et la tradition, ce geste scelle la relation « providentielle », sacrée, entre sujet et monarque. Ce même geste apparaît aux républicains égalitaires comme un témoignage de servilité, d’obséquiosité hypocrite, voire d’humiliation (voir J.A.I. n° 2308). Quoi qu’il en soit, il n’y a aucune raison de faire de ce geste un symbole d’attachement qui remonte au Prophète d’Allah. Aucune trace d’un seul baisemain fait à Mohammed, qui a dit plusieurs fois aux croyants : « Je ne suis qu’un homme comme vous. »
En tant que Tunisien, Arabe et musulman, sans être ni monarchiste, ni passéiste, j’évoque la mémoire de Moncef Bey, l’avant-dernier roi de Tunisie de la dynastie husseinite. Ce monarque éclairé fut ardent nationaliste, précurseur de réformes, presque un avant-gardiste. Le premier geste qu’il a fait lors de son accession au trône, pendant la cérémonie de prestation d’allégeance, fut la suppression du baisemain. À tous il fut recommandé de simplement serrer la main du roi. C’était en 1942. Le pays était en pleine guerre, l’économie chancelante, le peuple presque affamé.
Feu mon père fut l’un de ceux qui étaient montés du Sud à Tunis pour serrer la main du nouveau roi, cinq ans avant ma naissance. Il avait les larmes aux yeux en évoquant cet événement si rare.

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Afrique centrale : les enfants d’abord
Dans trois pays d’Afrique centrale, l’Angola, le Rwanda et la RD Congo, plus de 400 000 jeunes vivent dans des foyers où il n’y a aucun adulte pour les surveiller. D’après le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), sur les 800 000 personnes tuées durant le génocide au Rwanda, 300 000 étaient des enfants.

Un Marocain à Boston
Bien que les États-Unis soient un pays cosmopolite, dont les habitants viennent du monde entier et où tout le monde semble s’entendre et partager des valeurs communes, c’est malgré tout l’individualité qui prime. Chacun pour soi et le dollar pour tous. Pour quelqu’un qui vient de Rabat, au Maroc, où tout le monde se connaît, les proches et les moins proches font partie de la famille, c’est un grand changement. J’ai donc appris à dire bonjour à distance, sans contact physique. Les Américains sont des maîtres en la matière. Ne pas s’approcher, ne pas se toucher, garder un espace entre vous et votre interlocuteur, ces invisibles limites sont bien présentes dans la tête de chacun. Rien à voir avec Rabat, avec les cafés populaires de la médina où l’on s’assied serrés comme des sardines, où l’on se fait la bise dix fois par jour, où l’on ne se lâche pas la main, bref, où l’on ne connaît pas la distance.
Nabil A-H, Boston, États-Unis

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Almoravides et Sanhadjas
À la suite d’un courrier qui traitait de l’histoire du Maroc (voir J.A.I. n° 2311), je voudrais apporter ma contribution au débat. La dynastie almoravide (el-mourabitoun) a été fondée par les « Sanhadjas », appelés aussi les Malothemin, les voilés, parce qu’ils portaient un voile pour cacher leur visage, comme les Touaregs de nos jours. Cette tribu, qui vivait entre le Sénégal et la Mauritanie, a été convertie à l’islam au IXe siècle. Les Sanhadjas, menés par le chef Ibn Taschfin, firent la guerre sainte contre les Noirs du Soudan français, puis entreprirent la conquête du Maroc actuel. Ce qui explique la forte densité de Noirs au Maroc.
La dynastie religieuse almohade, conduite par Ibn Toumert, a succédé aux Almoravides. Elle conquit d’abord le Maroc actuel, puis le reste de l’Afrique du Nord, pour agir sur les moeurs jugées trop relâchées d’une population qui apostasiait continuellement.
On dispose de matériaux médiocres et incomplets sur ces épisodes. Les groupes ethniques noirs, berbères et arabes se sont juxtaposés et mélangés, formant ainsi de nouvelles tribus auxquelles il est difficile d’assigner une origine exacte.
Saigh Mustapha, Fribourg, Suisse

Sidi Bou Saïd, ville bijou
Comme le dit votre article (voir J.A.I. n° 2311), Sidi Bou Saïd est une très belle ville. Si le baron d’Erlanger est pour beaucoup dans sa préservation, la commune et ses habitants ne sont pas en reste. J’invite tout amoureux du beau à la visiter.
Mais ramener l’émancipation des Tunisiennes au nombril à l’air ou au discours de la jeunesse tunisoise dans les cafés de Sidi Bou Saïd est par trop réducteur. Il ne manquerait plus qu’une référence aux contes des Mille et Une Nuits. Dites plutôt que nous avons opéré un vrai progrès.

Le vrai premier pape africain
Vous avez présenté Gélase Ier comme le premier pape africain (voir J.A.I. n° 2312). Or il a été précédé par un autre Berbère, Victor Ier, à la tête de l’Église de 189 à 199. C’est lui qui a fixé définitivement la date de Pâques, le vingt et unième jour de la lune de mars.
Réponse : C’est exact, félicitations pour votre érudition. J’ajoute que Victor Ier a également établi la liste des livres sacrés et reconnu quatre Évangiles, ce que confirmera saint Irénée, et revu les formules des prières et des rites, notamment ceux de consécration épiscopale et d’ordination.
V.Th.

L’OMS pour l’Afrique
La direction de la Banque mondiale est réservée aux États-Unis, celle du Fonds monétaire à l’Europe, même le pape doit être occidental alors que les deux tiers des catholiques vivent en dehors du Vieux Continent. Dans ces conditions, pourquoi la direction de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne reviendrait-elle pas à l’Afrique, où sévissent de nombreuses épidémies qui font des milliers de victimes chaque année ? Hélas ! les Africains partent presque toujours divisés dans les grands rendez-vous internationaux. Les conflits internes ou de voisinage les pénalisent, et même la diaspora, pourtant pourvue de talents susceptibles de battre les candidats d’autres continents, est souvent mal vue par les gouvernements des pays d’origine. Souvenons-nous que l’union fait la force.

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