Un parfum de fin de règne plane sur Le Caire

Publié le 16 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Le président Moubarak, au pouvoir depuis 1981, compte se représenter pour un cinquième mandat. Les structures du régime, même retouchées avec la révision de l’article 76 de la Constitution, assurent à Moubarak une réélection confortable. Le problème se décline sur plusieurs niveaux. Le principal étant le divorce entre le peuple et ses élites, usées par un pouvoir exclusif depuis un quart de siècle. Or, malgré la formation d’une classe moyenne de plus de 2 millions de familles aisées (sur 72 millions d’habitants), les Égyptiens restent très frustrés de leurs conditions économiques, de l’ampleur de la corruption qui touche les élites, du maintien de l’état d’urgence et de l’humiliation face à un voisin israélien avec lequel la paix signée en 1979 n’a pas abouti à une normalisation entre les peuples, à cause du sort réservé aux Palestiniens. Aussi, un président qui s’agrippe au pouvoir, malgré ses 77 ans et ses accidents de santé, affaiblit la fonction et entame les chances de son fils et successeur présumé, Gamal. En cas « d’accident de parcours », le pouvoir échapperait aux politiques au profit des militaires qui désigneraient alors leur favori. Pourtant, Gamal paraît comme l’un des hommes les plus avertis et les plus susceptibles, au sein de sa génération, de porter le flambeau d’une Égypte modernisée. Il remplit d’ores et déjà les prérogatives d’un « vice-président », poste laissé vacant par son père. Il a fait nommer ses fidèles au gouvernement et a ressuscité les instances moribondes du Parti national démocratique.

L’acharnement du raïs à se maintenir à la présidence heurte l’aspiration du peuple au changement. Les manifestations du mouvement Kefaya (« Ça suffit »), des Frères musulmans, du courant nationaliste, ainsi que la contestation des magistrats qui veulent imposer leurs conditions pour superviser les élections en disent long sur le réveil de la société civile. Le pouvoir égyptien ne peut pas rester sourd au vent libéral américain qui balaie la région depuis les attentats du 11 septembre, ni tenter de « calmer » Washington en jouant seulement un rôle constructif dans le conflit israélo-palestinien.

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Le raïs est invité à revoir sa politique intérieure, à ouvrir le champ politique. Au risque de perturber l’ordre établi et de profiter aux Frères musulmans avec lesquels les États-Unis et l’Union européenne dialoguent. Condoleezza Rice s’est dite favorable aux changements politiques rapides sans tenir compte de la stabilité intérieure des pays concernés (Washington Post du 5 mars 2005). Elle estime que la défense des régimes despotiques au nom de la stabilité a provoqué le ressentiment envers les États-Unis, qui a abouti au terrorisme. « Nous n’avions ni la démocratie ni la stabilité », déclare-t-elle.

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