Dettes africaines : quels sont les pays les plus exposés ?
Alors que Fitch Ratings publie une mise en garde contre de « probables » défauts de paiement en Afrique subsaharienne, zoom sur les profils d’endettement les plus à risque.
Chute des cours du pétrole, dépréciation des monnaies africaines, ralentissement des échanges, explosion des dépenses sociales et de santé… La crise liée au coronavirus a engendré un cocktail explosif pour les économies africaines, qui voient leurs déficits se creuser.
Mais pour l’agence de notation américaine Fitch Ratings, ce choc ne fait qu’aggraver « une détérioration marquée des finances publiques de l’Afrique subsaharienne qui dure depuis une décennie et qu’il sera difficile d’inverser », écrivent ses experts dans un rapport publié le 30 juin.
Plus d’un milliard de dollars
Ainsi, au 31 décembre 2019, pas moins de treize pays africains affichaient déjà plus d’un milliard de dollars chacun de dettes à l’égard du Club de Paris, un groupe informel de 22 créanciers privés regroupant notamment la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Corée du Sud, Israël et le Japon, mais pas la Chine, gros créancier des États du continent.
Un volume de dette à mettre en rapport avec les revenus de ces pays : ainsi, si l’Égypte affiche un niveau d’endettement record de 8,46 milliards de dollars à l’égard du Club de Paris, son endettement total pour 2019 n’est évalué « qu’à » 85 % de son PIB par le FMI, contre 95 % pour l’Angola, 109 % pour le Mozambique et même 207 % pour le Soudan.
De son côté, la République du Congo – qui n’apparaît pas dans le classement ci-dessus, sa dette étant de 417 millions de dollars vis-à-vis du Club de Paris -, affiche un endettement de 78,5 % à fin 2019. À noter toutefois, que ce résultat reste six fois inférieur au montant de la dette du pays à l’égard du seul créancier chinois.
Assainissement budgétaire
Certains de ces pays – ceux qui sont classés par la Banque mondiale dans la catégorie des pays les plus pauvres (41 pays africains) – peuvent bénéficier de l’« Initiative pour la suspension du service de la dette » (ISSD) initiée par le G20. Les dossiers du Burkina Faso, du Cameroun, du Tchad, des Comores, de l’Éthiopie, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Congo et du Togo ont déjà été acceptés par le Club de Paris.
Mais tous n’en bénéficieront pas : certains parce qu’ils y sont opposés, comme le Bénin, d’autres parce qu’ils n’y sont pas éligibles, ce qui est le cas de tous les pays d’Afrique du Nord. Et pour les autres, le répit ne sera que de courte durée, le moratoire n’allant à ce jour que jusqu’à la fin de l’année.
« Le Mozambique et la République du Congo sont en défaut de paiement depuis 2016, et Fitch pense que d’autres défauts de paiement de la part de pays souverains sont probables », estiment les analystes de l’agence, qui prévient que « la dette continuera d’augmenter sans un assainissement budgétaire substantiel ».
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