Coronavirus : la crise sera « pire que prévu », annonce le FMI
L’institution, qui avait annoncé en avril une « récession historique de 1,6 % » en Afrique subsaharienne, table maintenant sur une contraction de 3,2 %.
En avril dernier, lors de la publication de ses Perspectives économiques pour l’Afrique subsaharienne, le Fonds monétaire international annonçait déjà que 2020 afficherait « le pire résultat jamais enregistré » en termes de croissance, avec une récession de 1,6 % en Afrique subsaharienne.
À peine deux mois plus tard, les analystes de l’institution sont encore plus pessimistes. C’est finalement une contraction de 3,2 % qui a été annoncée le 29 juin par Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI.
En outre, « comme la croissance démographique continue d’augmenter chaque année, il faut s’attendre à une baisse du revenu par habitant d’environ 5,2 %, ce qui aura un impact important sur les niveaux de vie et le bien-être », prévient-il, avant de préciser que ces chiffres seront très variables d’un pays à l’autre.
Les exportateurs de pétrole, – Angola, Nigeria, République du Congo… – seront particulièrement touchés, mais aussi le Kenya, dont l’industrie touristique est mise à mal.
44 milliards de dollars de financements d’urgence à trouver
« En matière de politiques économiques, les pays d’Afrique subsaharienne ont agi rapidement pour soutenir l’économie et étendre leurs filets de sécurité sociale aux personnes les plus vulnérables », relève Abebe Selassie, qui souligne toutefois que pour nombre de ces pays, déjà très endettés avant la crise, la marge de manœuvre budgétaire est limitée.
Si, au cours des « huit à dix dernières semaines », 29 pays africains ont reçu environ 10 milliards de dollars du FMI, notamment par le biais de ses mécanismes de financement rapide – dont les plafonds ont été doublés -, cela ne sera pas suffisant, prévient-il. « Un soutien international plus important est nécessaire de toute urgence. Rien que cette année, les pays de la région devront faire face à des besoins de financement supplémentaires de plus de 110 milliards de dollars. Or 44 milliards de dollars de cette somme n’ont pas encore été financés », précise le responsable éthiopien.
Abebe Selassie, qui s’est dit conscient de l’importance pour les pays africains de conserver un accès aux marchés financiers, a souhaité que le secteur privé puisse « fournir un arrangement similaire » à l’initiative de suspension de la dette mise en place par le G20, estimant qu’un tel arrangement reste « neutre » pour l’endettement global, puisqu’il s’agit d’un moratoire et non d’une renégociation.
Interrogé sur la possibilité pour le FMI d’utiliser les Droits de tirage spéciaux (DTS) pour augmenter l’apport de liquidités aux pays à faible revenu, le représentant de l’institution a répondu que les discussions à ce sujet, amorcées « il y a plusieurs mois », n’ont pas encore abouti, l’un des points d’achoppement étant de savoir s’il faut émettre de nouveaux DTS ou procéder à une réaffectation des DTS existants. « À court terme, nous devons nous concentrer sur les instruments immédiatement disponibles », a-t-il indiqué.
« La priorité immédiate doit rester la santé »
« Concernant la pandémie, le taux de croissance des nouveaux cas a légèrement ralenti depuis avril, et un certain nombre de pays ont prudemment assoupli certaines de leurs mesures sanitaires. Mais à l’échelle régionale, la pandémie est toujours dans sa phase exponentielle. L’Afrique subsaharienne a récemment dépassé le quart de million de cas confirmés, et les nouveaux cas continuent de doubler toutes les deux ou trois semaines. Étant donné que les capacités de la région en matière de soins de santé sont déjà très sollicitées, la priorité immédiate reste de protéger les vies et de faire tout ce qui est nécessaire pour renforcer les systèmes de santé locaux et contenir l’épidémie », a martelé le responsable régional du FMI.
Si ce dernier estime que des réformes seront plus que jamais nécessaires pour diversifier l’économie – en privilégiant les secteurs les plus intensifs en main-d’œuvre pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail -, mobiliser davantage de recettes publiques et rendre la dette plus soutenable, ces chantiers ne pourront être menés qu’une fois la crise passée.
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