Génération années 1930
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I Am Charlotte Simmons, le nouveau roman de Tom Wolfe, n’en finit pas de susciter des débats aux États-Unis. Venant de l’Amérique rurale, son héroïne, Charlotte, a été admise sur un campus « mixte » où, tout en découvrant l’alcool et le sexe, elle perd, naturellement, son innocence. Sur cette trame banale, l’écrivain de 74 ans a brodé 676 pages. « Ennuyeux », « trop long », « daté », a raillé la presse (mais, imperturbable, le président Bush continue de lire quelques pages du livre chaque soir).
Pour sa part, Villages, de John Updike (73 ans), a également obtenu un large et médiocre écho dans la presse. Enfin, dans un registre différent, le superbe roman The Plot Against America de Philip Roth continue à faire parler de lui depuis l’automne. À 72 ans, Philip Roth signe là un habile roman qui imagine la victoire de l’aviateur Lindbergh contre Roosevelt en 1940, précipitant l’Amérique dans l’antisémitisme.
Pour le meilleur et pour le pire, trois auteurs nés à l’époque de la Grande Dépression font toujours l’actualité littéraire en Amérique. Ce succès de la « génération des années 1930 » est un phénomène instructif. Il montre d’abord combien l’Amérique peine à renouveler ses grands auteurs ; il illustre ensuite l’absence de nouveaux genres porteurs susceptibles de créer un mouvement littéraire neuf. Surtout, il dénote le « conservatisme » du lectorat américain, qui continue à préférer le connu à l’inconnu, la tradition à la nouveauté. Comme au théâtre de Broadway, où l’on ne présente plus aujourd’hui que des revivals et des adaptations de romans ou de films, comme à Hollywood, où le nouveau doit toujours contenir une part de connu, les éditeurs et le public mainstream préfèrent s’appuyer sur des valeurs sûres plutôt que de prendre des risques.
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