Arts plastiques : Véronique Tadjo, de la plume au pinceau
En mars, la romancière et poète ivoirienne Véronique Tadjo exposait certaines de ses toiles dans la galerie LouiSimone Guirandou, à Abidjan. Un mode d’expression artistique qui lui a été transmis par sa mère.
L’écrivaine ivoirienne Véronique Tadjo n’est pas plasticienne de formation, mais force est de constater que sa mère, Michèle Tadjo, peintre et sculptrice, aura influencé son envie de s’exprimer également en peinture. Ses toiles mêlent hommage à Mamy Wata, représentent des poupées zouloues, font référence à la crise du sida en Afrique du Sud, et questionne le rapport de l’homme avec son environnement.
Des toiles oniriques qui dialoguaient avec les bijoux et sculptures miniatures en fer avec coulées de cuivre et de bronze – créés par sa mère à la fin des années 1990 – lors d’une exposition qui s’est déroulée dans le courant mars à la galerie LouiSimone Guirandou, à Abidjan. C’était la première fois que Véronique Tadjo exposait en Côte d’Ivoire, après l’Afrique du Sud et le Kenya.
Réalisme magique
« La peinture est mon jardin secret », affirme la romancière, qui l’intitule « réalisme magique ». « Je parle de réalisme magique parce que les personnages mis en scène dans ma peinture sont certes reconnaissables, mais plongés dans un contexte africain. On entre dans une réalité pour s’en échapper et intégrer une dimension qui relève du rêve. Et là s’invitent nos références culturelles, nos mythes. »
Sa peinture met également en avant ses préoccupations d’écrivaine : la Nature, l’homme face à son environnement, la déforestation en Côte d’Ivoire, le personnage « totalement panafricain » de la « gardienne de l’eau » qu’est Mamy Wata, la créativité, le monde entier en alerte face aux épidémies…
C’est sa mère, française, qui l’initie à l’art africain
« La peinture est une façon, pour moi, de continuer la réflexion autour de certains thèmes. Là ça devient plus visuel et plus immédiat. Celui qui regarde est tout de suite interpellé. » Véronique Tadjo dit devoir beaucoup à sa mère, celle qui l’a initiée à l’art.
« Pourtant, elle ne m’a jamais donné de leçon. En l’observant, en regardant sa manière de travailler, de vivre sa passion, j’ai par la suite compris à quel point ça m’avait changée et influencée. Je lui serai toujours reconnaissante d’avoir apporté l’art dans la famille. Elle n’est plus là aujourd’hui, mais j’ai le sentiment de continuer à faire un bout de chemin avec elle. Je lui rends un peu de ce qu’elle m’a donnée. » Paradoxalement, c’est sa mère, Française, et non son père, Ivoirien, qui l’aura initiée à l’art africain !
Véronique Tadjo ne respecte aucune règle académique
Très attachée à la couleur, Véronique Tadjo travaille avec de la peinture acrylique ou des bâtons d’huile, « qui libèrent le mouvement », sur de la toile de lin. « Ce qui nous avait motivé à monter cette exposition intitulée « Tadjo & Tadjo » c’est la question de la transmission et de l’héritage. Nous avons souhaité mettre des œuvres en regard, en parallèle. Nous avons choisi les sculptures de Michèle Tadjo parce que sa peinture n’aurait pas résonné de la même manière dans le sens où elle a une signature beaucoup plus abstraite que celle de sa fille », explique Nicole Louis-Sidney, directrice de la galerie LouiSimone Guirandou.
« Véronique Tadjo est beaucoup plus figurative, cultive une peinture instinctive, naïve et brute. Elle ne respecte aucune règle académique. Elle est très portée sur la question de l’écologie et s’interroge quant au monde que nous allons laisser à nos enfants. Aussi, quelque part, la transmission continue. »
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