Do you speak Arabic ?
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Après la mise sur orbite du Spoutnik, en 1957, les États-Unis découvrirent brusquement l’importance de la langue russe et s’employèrent à former plusieurs générations de diplomates, de militaires et d’agents de renseignement russophones. Aujourd’hui, l’histoire se répète. Un peu plus de trois ans après les attentats du 11 septembre 2001 (perpétrés, comme l’on sait, par dix-neuf jeunes arabophones), ils manquent toujours de spécialistes pour mener le combat contre le terrorisme islamiste. L’armée américaine, par exemple, ne compte que 1 850 officiers parlant l’arabe. Et la CIA multiplie les efforts pour augmenter de moitié le nombre de ses analystes et de ses espions familiers de la langue du Coran. Faute de traducteurs, des masses énormes de documents et d’innombrables écoutes téléphoniques restent inexploitées.
Or il faut des années pour former des spécialistes. La tâche est compliquée par le fait que ce qu’on enseigne aux Américains c’est l’arabe classique, alors que le dialecte parlé en Égypte est au moins aussi différent de l’arabe marocain que le français de l’espagnol. En outre, les recrues d’al-Qaïda viennent de pays très différents : ils parlent aussi bien le pachtoune que le persan, l’ouzbek que l’ourdou. S’adresser aux citoyens américains originaires de ces pays qui en connaissent encore la langue et la culture ? Ils ne sont pas si nombreux. Pour ne rien arranger, ils sont généralement hostiles à la guerre en Irak, trouvent excessif le soutien apporté à Israël et n’apprécient guère la suspicion dont ils sont l’objet. En 1998, aucun étudiant n’apprenait le pachtoune, et ils n’étaient que 14 dans ce cas en 2002. Quant aux passionnés de l’ouzbek, leur nombre est passé de 4 à 23…
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