Bonnet d’âne subsaharien
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La Banque mondiale a publié, le 9 mai, un rapport détaillé sur l’évolution de la « bonne gouvernance » dans 209 pays depuis 1996. Réalisée à partir de six critères (respect des droits de l’homme, stabilité politique, efficacité de l’administration, poids de l’État, État de droit, lutte contre la corruption), l’étude est assez pessimiste et reconnaît que, depuis presque dix ans, « les progrès à l’échelle mondiale sont limités ». Or les chiffres recueillis auprès d’une trentaine d’organisations internationales, en partie sur la base des indices de perception, montrent bien que « l’amélioration des conditions de vie est en fait le résultat d’une meilleure gouvernance, et non l’inverse. […] Il est donc urgent de faire preuve, dans ce domaine, de beaucoup plus de détermination, de façon à accélérer la réduction de la pauvreté ».
Cette relation de cause à effet touche particulièrement l’Afrique subsaharienne, qui aura bien du mal à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés par l’ONU – dont le principal est de réduire de moitié l’extrême pauvreté dans le monde d’ici à 2015 : « Si la tendance se poursuit, prévient la Banque mondiale, nombre de pays subsahariens vont devoir doubler leur revenu par habitant d’ici à dix ans pour atteindre cet objectif. » De fait, souligne le rapport, le continent détient les records d’extrême pauvreté et de mauvaise gouvernance, mais cette dernière ne doit pas être imputée aux faibles revenus de la majorité des Africains. Bien au contraire : « Une amélioration [d’une des variables, comme par exemple l’État de droit] dans un pays peut, en moyenne, entraîner à long terme une augmentation de 300 % du revenu par habitant. »
Entre 1996 et 2004, trois pays africains ont considérablement régressé. À la Côte d’Ivoire la palme mondiale du mauvais élève en termes d’« écoute de la population », de stabilité politique et d’efficacité gouvernementale. Suivie par la Centrafrique et le Zimbabwe. En revanche, la Banque note l’évolution positive du Botswana, du Ghana et, sauf pour ce qui est de l’efficacité gouvernementale, de la Sierra Leone. Et relève les progrès récents du Sénégal et du Nigeria, plus à « l’écoute » de leurs citoyens, ainsi que de l’Afrique du Sud et de Madagascar, pour l’efficacité de leurs administrations.
Relativisant le constat alarmiste de l’étude, les rédacteurs affirment que l’amélioration de la gouvernance n’est pas forcément un long processus : « Au cours d’une période relativement courte de six à huit ans, des améliorations importantes ont eu lieu dans plusieurs pays. » Tant qu’il y a de la vie…
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