« Aux chiottes le Coran ! »

Publié le 16 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Sur la foi de mails internes du FBI, l’hebdomadaire américain Newsweek a révélé, dans son édition du 9 mai, certains éléments de l’enquête sur les sévices et abus perpétrés par des agents américains sur des détenus soupçonnés de terrorisme au camp de Guantánamo, à Cuba. Outre la non-application de la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre, les limiers US auraient eu recours à des méthodes d’interrogatoire pas très « catholiques ». Certains d’entre eux, par provocation, auraient placé des exemplaires du Coran sur les toilettes et, « au moins dans un cas », jeté l’un d’entre eux dans la cuvette et tiré la chasse d’eau.

Des révélations qui n’ont pas manqué de susciter de vives protestations, notamment en Afghanistan. Des milliers d’étudiants et de civils se sont rassemblés pour protester contre la profanation du Livre saint et ont défilé dans plusieurs villes afghanes, les 11 et 12 mai, scandant des slogans sans équivoque : « À mort l’Amérique, vive l’islam, mort à Bush ! » Si les manifestations antiaméricaines se sont déroulées dans un calme relatif à Kaboul, elles ont tourné à l’émeute à Jalalabad, dans l’est du pays, faisant quatre morts et plusieurs dizaines de blessés. L’Arabie saoudite, gardien des Lieux saints et berceau de l’islam, a fait part de sa « vive indignation » et exigé officiellement l’ouverture d’une enquête. À Peshawar, au Pakistan, des manifestants ont appelé les États-Unis à « demander pardon » au monde musulman et à se retirer d’Irak et d’Afghanistan.
Pour calmer le jeu, la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, s’adressant, solennelle, à l’ensemble du monde musulman, a déclaré : « Nous honorons toutes les grandes religions. Un manque de respect pour le Coran est pour nous tous quelque chose d’odieux. La liberté de religion est un des principes fondateurs des États-Unis. » Le Pentagone a assuré que les premiers résultats de l’enquête ne permettaient pas pour l’instant de confirmer les faits, mais si ceux-ci sont avérés, « des mesures adéquates seront prises ». Voire ! Surtout quand on songe au laxisme dont les autorités américaines ont fait preuve avec les soldats-tortionnaires, et plus encore avec les officiers de la prison d’Abou Ghraib, en Irak. En dépit des efforts de Washington pour se présenter comme le chantre de la liberté et de la démocratie dans le monde, l’antiaméricanisme n’a jamais été aussi exacerbé au Moyen-Orient, mais on serait bien en peine d’imaginer Oussama Ben Laden, ennemi numéro un de l’Amérique, réserver un traitement identique à la Bible. À méditer.

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