Washington exclut Washington

En raison de l’embargo qu’ils imposent à La Havane depuis 1962, les Américains ne participeront pas aux premières explorations offshore.

Publié le 16 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Avant la fin de l’année, des plates-formes pétrolières commenceront à forer dans les eaux territoriales cubaines. Les derricks pointeront à moins de 200 kilomètres des côtes de la Floride, mais les majors américaines, du fait de l’embargo maintenu par Washington depuis 1962, sont exclues de ce qui ressemble déjà à un nouvel « eldorado ». Les réserves d’or noir cubain sont estimées à 4,6 milliards de barils, alors que la production actuelle, exclusivement onshore, ne dépasse pas 68 000 barils par jour. « Cuba peut devenir un acteur majeur dans la région », assure l’expert Jorge Piñon, de l’Université de Miami.
En 1993, après l’effondrement de l’empire soviétique et le départ progressif des ingénieurs russes qui avaient découvert le gisement de Varadero, en 1971, Cuba ouvre ses portes aux investisseurs étrangers. La première société à avoir flairé la bonne affaire, la canadienne Sherritt, assure aujourd’hui près de la moitié de la production nationale. Depuis, on se bouscule au portillon : des dizaines de blocs ont été affectés. Aujourd’hui, les compagnies Repsol (Espagne), ONGC Videsh (Inde), Norsk (Norvège), Petronas (Malaisie) et Sinopec (Chine) ont entamé des campagnes d’exploration ou s’apprêtent à le faire.
« La recherche offshore est économiquement risquée, mais la récompense financière est très élevée », explique sans détour un cadre d’ONGC Videsh, R.S. Butola. De fait, l’installation d’un puits dans les eaux cubaines coûte entre 40 et 50 millions de dollars. Mais à plein régime, la production d’hydrocarbures peut générer au moins 3 milliards de dollars de revenus annuels, selon des universitaires américains. Cette étude effectuée en 2001 ne prenait pas en compte la flambée des cours du brut enregistrée depuis deux ans. De quoi faire enrager les compagnies américaines.
Après la victoire du Parti démocrate aux élections législatives, le 7 novembre dernier, le lobby des pétroliers espère obtenir un assouplissement de l’embargo. L’administration Bush étant sur ce dossier tout aussi dogmatique et intransigeante que sur le Moyen-Orient, les multinationales comme ExxonMobil et Chevron comptent sur la nouvelle majorité au Congrès pour qu’elle fasse voter un texte « plus pragmatique ». Il serait notamment question d’autoriser la vente de matériels ou de services aux sociétés opérant à Cuba. Passer par la fenêtre à défaut de pouvoir entrer par la porte. De ce point de vue, l’incertitude sur l’état de santé de Fidel Castro et l’éventuel effondrement du régime sont autant d’arguments jugés favorables. La donne politique change, les milieux d’affaires s’agitent. « Si les compagnies américaines n’obtiennent pas gain de cause au cours de cette année, il sera trop tard », a toutefois averti le représentant cubain aux États-Unis, Dagoberto Rodriguez. Car La Havane veut suivre sans plus tarder l’exemple du voisin vénézuélien, membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

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