Vos lettres et courriels sélectionnés

Publié le 16 avril 2007 Lecture : 4 minutes.

Côte d’Ivoire : la paix sans la vérité
– Le principe acquis depuis peu d’un retour à la paix en Côte d’Ivoire, par les bons offices du facilitateur Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, interroge sur l’avenir même de l’accord trouvé. En effet, un début de tradition viendrait à être cassé. Initié par l’Afrique du Sud post-apartheid sous le vocable de vérité-réconciliation, il a connu des avatars. Ainsi en a-t-il été pour l’Algérie, le Maroc et, à l’état embryonnaire, au Rwanda. S’il est vrai que l’accord en Côte d’Ivoire est rendu possible par la main tendue du président Laurent Gbagbo, il est non moins vrai que c’est sur l’autel de sa victoire – par son refus de mesures décrétées par la communauté internationale (ONU) et les instances africaines (UA, CEDEAO). Une victoire politique donc. Or il est manifeste que le plus lourd tribut de la guerre est payé par les populations, victimes de part et d’autre de la zone tampon, avant et après son tracé et le stationnement des forces internationales (ONU et Licorne). Mais aussi les victimes blessées, décédées et celles qui ont subi des dommages corporels, un préjudice moral et/ou matériel.
Peut-on concevoir une paix viable sans mettre en place un cadre pour l’expression du pardon de victimes. Il faut dire toute la vérité sur les responsabilités des uns et des autres.
Cela donnerait toute sa dimension à un accord sincèrement conclu pour faire durer la paix.
Ibrahim Ba, Paris, France

France : conseils aux candidats
– Que ne ferait-on pas de nos jours pour se faire élire président de France ? Pauvre pays qui n’arrive plus à aligner de candidats dignes et à la hauteur de ses espérances de grandeur. Jean-Marie Le Pen promet à ses électeurs, en cas de réussite, de réclamer à l’Algérie 12 milliards d’euros, pas moins, pour indemniser les anciens colons qui sont revenus chez eux en France. D’où leur viennent ces propriétés ? N’en ont-ils pas chassé et tué les vrais propriétaires ? N’en ont-ils pas eu – de force – l’usufruit pendant plus d’un siècle ? Qui mériterait d’être indemnisé ? Le Pen pense et agit comme un receleur, il veut vendre ce que d’autres ont volé autrefois. Aux autres candidats, je conseille d’être vigilant et de ne pas céder à la tentation de brouter dans la mangeoire du chef de l’extrême droite, car tout comme lui, ils ne pourraient que proférer des insanités, qui leur seraient préjudiciables. À bien y réfléchir, et malgré tout, Ségolène Royal mérite la présidence.
Jamel Eddine Bouachba, Le Kram, Tunisie

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Pour qui votent les Franco-Africains ?
Sur la centaine de pages que compte votre hebdomadaire, il en est au moins une dizaine qui m’apportent des informations et des détails que je ne trouve pas dans la presse, radio, télévision ou Internet. Votre revue est donc un complément indispensable pour ceux qui recherchent une autre vision ou analyse de l’actualité dans le monde. L’objet de mon courrier concerne votre sondage paru dans J.A. n° 2411, sur les intentions de vote des Africains à la présidentielle française des 22 avril et 6 mai. Ma stupéfaction est totale quant aux résultats et commentaires de cette enquête Ifop qui relève – à mes yeux – de la supercherie et de l’intoxication la plus totale. La France compte plus de 2 millions d’électeurs venant d’Afrique : moins de 600 ont été interrogés ; de tous ceux qui témoignent dans J.A., aucun n’a plus de 40 ans ; tous travaillent et ne paraissent pas avoir des fins de mois difficiles ; personne ne parle d’assimilation ni d’intégration. Il faut se rendre sur le terrain, de Béthune à Nice ou de Strasbourg à Bayonne en passant par Gap ou Sarcelles, pour constater que le socle majoritaire des immigrés en France, ceux âgés de 45 ans et plus, parents de 4 ou 5 enfants, contribuables payant régulièrement leurs impôts, sachant lire et écrire et s’exprimant correctement, ne se reconnaissent en rien dans les résultats que vous publiez. [] Même chez les immigrés récents, naturalisés et s’étant inscrits pour la première fois, le bonheur de voter pour Ségolène Royal ne dépasse en aucun cas le tiers des sondés. Connaissant les bienfaits de douze années de chiraquisme et sachant la duplicité de François Bayrou, ces immigrés se tournent lentement vers celui qui depuis trente ans énonce des évidences : « La France n’a pas vocation à accueillir tous les miséreux de la planète ! »
P. Kerstens, Bruxelles, Belgique

Réponse :
Ce sondage, comme tous les autres sondages, a été réalisé auprès d’un échantillon représentatif de la population dont nous souhaitions connaître l’opinion. Les critères utilisés par l’Ifop sont consultables auprès de la Commission nationale des sondages : ils sont donc publics et – sauf à décider de se passer désormais de ce type d’instrument de mesure – ne relèvent en rien de la « supercherie » ou de l’« intoxication ». La réalité est sans doute que les résultats ne vous conviennent pas. À preuve : celui qui « depuis trente ans énonce des évidences » et dont vous citez l’un des slogans – mais pas le nom – ne serait-il pas un certain Jean-Marie Le Pen ?
F.S.

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