Sida : les bienfaits ambigus de la circoncision

Publié le 16 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

C’est un oui timide, assorti de nombreux avertissements, mais c’est un oui quand même. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme commun des Nations unies sur le VIH-sida (Onusida) recommandent officiellement l’utilisation de la circoncision comme méthode de prévention du VIH. D’une même voix, les deux organismes déclarent « qu’il faut désormais considérer la promotion de la circoncision comme une nouvelle stratégie importante de prévention de la transmission hétérosexuelle du VIH de la femme à l’homme ». « L’objectif est de ne pas se limiter à une stratégie centrée sur le préservatif », explique le Dr Kevin De Cock, directeur du département sida à l’OMS. Avec environ 40 millions de personnes infectées par le virus dans le monde, il y a urgence.

Faut-il pour autant circoncire à tout-va ? Non : « la circoncision ne protège pas complètement contre l’infection au VIH ; elle représente une stratégie additionnelle et non une arme absolue ». Malgré ces précautions, la polémique est relancée. Certains craignent un effet pervers provoquant un laxisme par rapport aux pratiques reconnues de prévention. D’autres pointent le danger, lorsque l’hygiène n’est pas au rendez-vous, d’une augmentation du risque de transmission du virus. Passant en revue une centaine de dossiers médicaux de jeunes Kényans, Lesothans et Tanzaniens, le Dr Devon Brewer et ses collègues de Seattle sont arrivés à des conclusions pour le moins inquiétantes : « Nous avons constaté que des jeunes garçons, vierges et circoncis, étaient plus souvent séropositifs que ceux sur qui cette intervention n’avait pas été pratiquée. » En clair, l’infection s’est faite au moment de la circoncision, l’excision du prépuce.

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Mais pour bon nombre d’experts, le fait est là : la circoncision, quand elle est réalisée dans de bonnes conditions sanitaires, joue bel et bien un rôle dans la diminution du risque de transmission.
Le point de départ a été, il y a une quinzaine d’années, le constat d’une corrélation inverse entre la prévalence de la circoncision et la prévalence du VIH. À cela, plusieurs explications. D’abord, la face interne du prépuce est une muqueuse très fine qui peut récupérer et retenir le virus contenu dans les sécrétions vaginales. Ensuite, un pénis circoncis sèche très rapidement après un rapport sexuel, ce qui laisse moins de chances de survie au virus.

De nombreuses recherches ont confirmé ces hypothèses. Selon deux études menées au Kenya et en Ouganda, dont les résultats ont été publiés fin février dans la revue médicale britannique The Lancet, la circoncision divise au moins par deux les risques d’infection par le virus du sida. Ces études corroborent aussi les conclusions, en 2005, d’une étude conduite en Afrique du Sud par l’Agence nationale française de recherches sur le sida (ANRS), montrant une diminution de 60 % du risque d’infection masculine. Suffirait-il donc d’être circoncis pour arrêter de se protéger contre le sida ? Non, avertissent les experts de l’OMS. Si l’on ne dispose toujours pas de l’arme fatale contre le VIH, il faut cependant noter des progrès réguliers sur la manière de le combattre et d’en limiter les dangers, telle cette toute récente découverte sur les raisons génétiques pour lesquelles de rares individus infectés ne développent pas la maladie.

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