Retour à l’envoyeur

Le gouvernement tente de convaincre les émigrés en Europe et en Amérique du Nord d’investir « au pays ».

Publié le 16 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Longtemps délaissés, marginalisés, parfois traités de « déserteurs », les membres de la diaspora sont désormais ouvertement courtisés par les autorités algériennes. En novembre 2006, Abderrahmane Meziane Chérif, le consul général d’Algérie en France, a par exemple réuni les responsables associatifs, tandis que, de l’autre côté de l’Atlantique, Abdelaziz Sebaa, son alter ego canadien, appelait les associations algériennes à constituer un réseau d’entraide et à « s’affirmer en tant que minorité visible ». Le 16 mars dernier, à l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP-EAP), l’Algerian Talent Network, une association qui s’efforce de créer un réseau d’échange et de réflexion entre professionnels, chercheurs et étudiants ayant des attaches en Algérie, a pour sa part organisé une conférence sur le thème : « Comment la diaspora peut-elle participer au développement de l’Algérie ? » Bref, les responsables algériens ne demandent plus à leurs compatriotes de rentrer au pays, mais de soutenir l’économie locale en y investissant leurs compétences et leurs capitaux.
Il est vrai que, depuis une quinzaine d’années, le profil de l’émigré algérien type a beaucoup changé. Autrefois essentiellement composée d’ouvriers, la diaspora compte aujourd’hui un nombre nullement négligeable – et en progression constante – de professionnels hautement qualifiés : médecins, ingénieurs, professeurs d’universités, juristes, etc. La Banque mondiale évalue le montant total des dépôts bancaires des Algériens de l’étranger entre 80 milliards et 100 milliards de dollars. À eux seuls, les chefs d’entreprise auraient déposé environ 43 milliards d’euros dans les banques françaises. Dans l’ensemble de l’Europe, ces derniers sont au nombre d’environ cent mille et travaillent souvent dans des secteurs de pointe : informatique, télécoms, technologies de l’information et de la communication, etc. Aux États-Unis et au Canada (qui a adopté une politique d’immigration choisie), la diaspora est en majorité constituée de diplômés de l’enseignement supérieur, ingénieurs ou scientifiques. Il s’agit là d’une émigration récente, mais qui prend de l’ampleur depuis le début des années 1990.
On comprend que les autorités aient entrepris de séduire cette communauté qui, disposant de revenus confortables, a les moyens d’investir autrement que par l’envoi d’argent à la famille ou la construction d’une maison « au bled ». La marge de progression est considérable, un émigré algérien ne transférant chaque année qu’un peu moins de 300 dollars, en moyenne. À titre de comparaison, un Égyptien, un Marocain ou un Turc transfère annuellement entre 1 500 et 5 000 dollars.
Une Agence nationale de développement de l’investissement (Andi) a été mise en place pour inciter les chefs d’entreprise expatriés à financer des projets. L’opération a été baptisée « Home Sweet Home ». L’ennui est que la réalité du terrain n’est pas toujours très sweet. « Rien n’est fait pour favoriser l’investissement », regrette un entrepreneur établi depuis dix ans au Canada, où il prospère dans le câblage électrique.
En France, en revanche, des hôteliers, des commerçants et des restaurateurs algériens ont créé une association dénommée Achraf (4 500 membres dans la région parisienne) afin de conclure des accords de partenariat dans le secteur du tourisme, que le gouvernement algérien s’efforce de développer pour diversifier une économie beaucoup trop dépendante des hydrocarbures.

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