Cameroun : un secteur privé… d’espace
À quelques mois de la signature d’un accord de partenariat entre le Cameroun et l’Union européenne, les entrepreneurs s’estiment mal préparés.
L’année 2014 s’annonce décisive pour le secteur privé camerounais. Comme promis, Yaoundé devrait en effet ratifier dans les tout prochains mois un accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne.
« Sur certains marchés, les entreprises locales se retrouveront alors en compétition directe avec les groupes européens », explique un négociateur camerounais rencontré à Bruxelles. « D’où l’urgence de mettre en place les réformes nécessaires au renforcement du secteur privé », s’inquiète Protais Ayangma Amang. Le président du mouvement patronal Entreprises du Cameroun (Ecam) est le premier à reconnaître que le climat des affaires s’est sérieusement réchauffé pour les entrepreneurs ces dernières années. « Mais il reste encore tant à faire ! » s’inquiète-t-il.
L’informel représente encore 90 % de l’activité économique au Cameroun.
Résultat, le secteur privé n’est pas vraiment encouragé à sortir de l’informel, qui représente encore 90 % de l’activité économique.
Et ce n’est pas un hasard si le Cameroun vient de perdre six places dans le classement « Doing Business » de la Banque mondiale, pour se retrouver 168e sur les 189 économies évaluées.
Un nouveau code prévoyant notamment des incitations fiscales généreuses pour doper les investissements a été mis en place en avril 2013, « mais le texte reste vague et la complexité des procédures peut poser des problèmes de transparence », s’inquiète la Banque mondiale dans une étude datée de janvier. Le pays a bien fait des progrès en matière d’exécution des contrats ou de règlement de l’insolvabilité, mais l’obtention des prêts continue de poser problème.
Bureaucratie
« L’accès limité aux capitaux freine la création d’entreprises », confirme Protais Ayangma Amang. Le patron d’Ecam cite également parmi les entraves l’insuffisance des approvisionnements en électricité, qui plombe la productivité, le manque de main-d’oeuvre qualifiée ou l’absence de politique incitative sur des secteurs à très fort potentiel comme l’agriculture. Sans oublier le poids excessif d’une bureaucratie dotée d’un certain pouvoir de nuisance, selon les bailleurs de fonds.
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Conscient de ces insuffisances, le gouvernement a créé en février une plateforme de rencontre avec le secteur privé.
L’initiative devrait permettre de redonner confiance aux entrepreneurs, selon Protais Ayangma Amang, « à condition que les pouvoirs publics ne se contentent plus de nous écouter, mais commencent à nous entendre ».
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