La BRVM veut remplir sa bourse

L’institution régionale cherche toujours à intégrer de nouvelles entreprises. Ses moyens pour y arriver : des partenariats avec les chambres de commerce de la zone et une attention accrue accordée aux PME.

Trente des 37 sociétés cotées à Abidjan sont ivoiriennes. © Émlie Régnier pour J.A.

Trente des 37 sociétés cotées à Abidjan sont ivoiriennes. © Émlie Régnier pour J.A.

Julien_Clemencot

Publié le 16 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

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En septembre, une nouvelle société entrera à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan : la filiale sénégalaise du français Total. Le pétrolier a décidé d’introduire 30 % du capital sur la place financière de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour gommer son statut de groupe étranger au pays de la Teranga. Cette annonce vient à point nommé pour la BRVM, qui a connu plusieurs années sans introduction, notamment en raison des crises ivoirienne et malienne.

En 2020, la Place née de la fusion d’Accra, Abidjan et Lagos talonnera Johannesburg.

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Si la Bourse régionale profite des bonnes performances de l’économie de la zone (la capitalisation de la BRVM a augmenté de 38 % en 2013), ni les sociétés locales, ni les épargnants n’ont encore pris la mesure de ce qu’elle peut leur apporter. « Nous devons communiquer davantage », explique Edoh Kossi Amenounve, le directeur général de la BRVM, qui a pris les rênes de l’institution fin 2012. L’organisme était alors en pleine tempête après le détournement de plus de 1 milliard de F CFA (1,5 million d’euros). L’année 2014 doit marquer un nouvel élan : au moins trois introductions sur le marché sont prévues en plus de celle de Total-Sénégal.

Avec 30 sociétés ivoiriennes sur 37 cotées, la BRVM (née en 1998) reste fortement marquée par l’héritage de la Bourse d’Abidjan, créée en 1976. La place financière est très liée à quelques grandes valeurs. L’opérateur sénégalais Sonatel, dont la capitalisation a progressé de 1 000 % depuis 1998, représente près de 40 % de la capitalisation totale de la Bourse. Ecobank, lui aussi, y occupe une place majeure. « Certains s’inquiètent du poids de ces entreprises à la BRVM, mais ce ne sont pas des valeurs spéculatives. Ce n’est donc pas problématique », tempère Edoh Kossi Amenounve. Le directeur général de la BRVM espère toutefois changer la donne. « Les compagnies de notre zone sont trop dépendantes des financements bancaires. Il faut donner plus de place au marché », plaide-t-il.

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Incitations fiscales

Afin de se rapprocher des chefs d’entreprise, Edoh Kossi Amenounve souhaite renforcer les liens de la place d’Abidjan avec les chambres de commerce et d’industrie (CCI) de la zone. Des conventions de partenariat ont été signées en Côte d’Ivoire, au Togo et au Burkina Faso avec pour objectif d’identifier, parmi les membres des CCI, des entreprises pouvant entrer en Bourse. Parallèlement, la BRVM a signé en février un accord avec Cauris Management, une société de capital-investissement. Ces initiatives précèdent l’ouverture fin 2014 d’un compartiment réservé aux PME qui, pour le moment, est resté lettre morte faute de soutien suffisant au secteur privé. « Il faut mettre en place des incitations fiscales et des mesures d’accompagnement pour que ce ne soit pas une aventure sans lendemain. Et, dans le même temps, trouver de nouveaux investisseurs. Par exemple en favorisant l’apparition de fonds de pension », explique Edoh Kossi Amenounve.

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C’est ce dernier objectif qui pousse la BRVM à s’unir à Accra et à Lagos, les autres places financières de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Le conseil d’administration de la BRVM doit se prononcer dans les prochains mois pour autoriser les courtiers des deux autres Bourses à passer des ordres d’achat à Abidjan en mandatant un intermédiaire local. Dans un second temps, un agent nigérian ou ghanéen pourra opérer seul, avant une fusion totale des trois Places prévue en 2020. À cette date, ces trois capitales pourraient constituer la seconde Bourse du continent, après Johannesburg.

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