Si tu ne viens pas à Coris, Coris viendra à toi
La deuxième banque du Burkina Faso est très fière de sa dernière innovation : une agence mobile qui va de ville en ville pour permettre aux habitants d’ouvrir un compte.
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Un camion de 12 mètres de long transporte l’agence mobile de Coris Bank, inaugurée en décembre 2013. D’une surface de 47 m2, celle-ci offre toute la technologie et le personnel nécessaires pour réaliser les mêmes opérations qu’une agence classique : création de compte, transfert de fonds, retrait ou demande de crédit… D’abord testée dans la périphérie de Ouagadougou et dans celle de Bobo-Dioulasso, les deux plus grandes villes du Burkina Faso, l’agence mobile se trouve depuis le 1er avril à Dano (Sud-Ouest), en attendant la création imminente d’une antenne fixe. « Il y a beaucoup d’affluence », assure Alassane Kaboré, directeur du réseau de Coris Bank et responsable de l’agence mobile.
Plus de 550 nouveaux clients ont été séduits depuis l’inauguration du camion, en décembre 2013.
Le camion a bien sûr éveillé une certaine curiosité parmi les 11 000 habitants de Dano, et plus de 200 d’entre eux ont franchi le pas et profité de la présence de la deuxième banque du Burkina pour ouvrir un compte. « Cette initiative va sans doute accroître le taux de bancarisation du pays », assure Franck Tapsoba, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso.
Qui sont ces nouveaux clients provinciaux ? « Des salariés et des commerçants, pour la plupart », répond Alassane Kaboré, qui précise que l’on trouve beaucoup d’orpailleurs et de céréaliers à Dano. Jusqu’à présent, la commune ne comptait aucune agence bancaire ; les gens utilisaient les caisses populaires ou étaient contraints de se rendre dans d’autres localités. « Avant l’arrivée de l’agence mobile, nous étions obligés d’aller à Gaoua ou Bobo-Dioulasso pour retirer et déposer notre argent, explique un client. Cela comportait des risques, notamment à cause des coupeurs de route. » Sur les quelque 200 comptes créés à Dano, environ 180 sont des comptes d’épargne. « Nous ciblons avant tout les ménages », précise Alassane Kaboré.
Prochaine destination : Pô, à environ 200 km à l’est de Dano. Proche du Ghana, cette ville est un important carrefour d’échanges commerciaux, mais, pour l’instant, seul Ecobank y possède une antenne. En outre, Pô abrite la plus grande base militaire du pays, et beaucoup de ses soldats détiennent des comptes chez Coris Bank. L’agence mobile pourrait donc s’y rendre chaque fin de mois, afin que les militaires puissent retirer leur paie en liquide. Et si la demande est au rendez-vous, Coris Bank pourrait envisager d’y installer une agence fixe.
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Appui
Avec un total de 31 agences dans le pays, dont quatorze à Ouagadougou, Coris Bank voit dans cette innovation le moyen de concurrencer Ecobank, qui a hérité du réseau de la Banque agricole et commerciale du Burkina, rachetée en 2008.
Même si son coût d’acquisition est important – 300 millions de F CFA (environ 450 000 euros), contre 70 millions de F CFA en moyenne pour une agence classique -, l’agence mobile doit se révéler rentable sur la durée.
Avec plus de 550 comptes ouverts depuis sa mise en route, le bilan de l’opération n’est pas encore définitif, mais Alassane Kaboré est formel : « Depuis le lancement de l’agence mobile, les résultats de la banque progressent. » Le camion peut aussi servir d’appui commercial ponctuel lors d’événements comme la Semaine nationale de la culture, à Bobo-Dioulasso, en avril.
Si l’expérience est jugée concluante, elle pourrait être dupliquée hors du Burkina Faso et servir les ambitions expansionnistes de la banque. Avec un capital porté à 25 milliards de F CFA en septembre 2013, Coris Bank, qui est déjà implanté en Côte d’Ivoire, prévoit de s’installer au Mali et au Togo avant la fin du premier semestre.
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