L’Éthiopie notée pour la première fois par les agences internationales
Les trois principales agences de notation internationales viennent pour la première fois de noter l’Éthiopie. Standard & Poor’s et Fitch ont toutes deux attribué la note « B » aux obligations souveraines du pays. Moody’s leur a accordé un « B1 » – un cran au dessus. Les trois agences s’accordent néanmoins sur la vulnérabilité du pays à l’instabilité géopolitique de ses voisins.
Standard & Poor’s et Fitch viennent d’attribuer la note B à l’Éthiopie pour ses émissions de long-terme et de court-terme en devises étrangères et en monnaie locale, avec des perspectives stables. L’agence Moody’s lui a, quant à elle, attribué la note B1 – un cran au dessus de celle accordée par ses consoeurs. Ses trois notations restent toutefois dans la catégorie des obligations dites « hautement spéculatives ».
Dans sa note, Fitch rappelle que l’Ethiopie a enregistré un taux de croissance annuelle moyen de 10,9% au cours des cinq dernières années. Une performance économique supérieure à celles de ses voisins qui est due « à des investissements publics importants dans les infrastructures » ainsi qu’à la croissance enregistré dans le secteur agricole et dans les services.
Même écho chez Standard & Poor’s qui prévoit que le PIB réel du pays devrait croître de 9,1% en 2014 et de 9,2% en 2015 – 9% et 8% respectivement selon les estimations Fitch.
L’agence Moody’s remarque que la croissance économique du pays s’est traduite par une réduction du taux de pauvreté, passé de 60% de la population en 1995 à 30% en 2011, Et que le PIB par habitant du pays a quasiment triplé en une décennie pour atteindre selon ses estimations 1 330 dollars en 2013 (en parité de pouvoir d’achat).
Vulnérabilité
Les agences internationales s’accordent néanmoins sur la vulnérabilité de l’économie éthiopienne. Fitch Ratings insiste par exemple sur la faiblesse du secteur privé et les difficultés qu’ont les entreprises à accéder au financement.
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Standard & Poor’s maintient la note du Kenya
Standard & Poor’s constate que le pays n’occupe que le 125e rang mondial dans le classement Doing Business de la Banque mondiale. Une performance proche de celles de ses voisins kenyan (129e) et ougandais (132e), mais loin derrière le Rwanda (32e).
Moody’s relève pour sa part la vulnérabilité du pays « aux évolutions des prix internationaux de ses principaux produits d’exportation, tels que le café et l’or, qui ont représenté respectivement 30% et 6% de ses exportations en 2012 ».
Endettement
L’endettement des entreprises publiques constitue une autre source d’inquiétude. Pour Standard & Poor’s, le déficit budgétaire de l’État, projeté à 2,5% du PIB en moyenne sur la période 2014-2017, pourrait atteindre 4,5% du PIB si l’on tient compte des engagements hors-budget des administrations et des entreprises publiques.
L’endettement net du pays qui, suite aux annulations de dette consenties dans le cadre de « l’initiative pays pauvres très endettés », est passé à 21% du PIB devrait remonter à 26 % en 2017. Moody’s s’inquiète en outre de « la forte concentration du secteur bancaire et de la domination des trois principales banques publiques qui détiennent 73% du total des actifs du pays – 63% pour la seule Commercial Bank of Ethiopia ».
Enfin, les trois agences signalent que le pays reste soumis à des risques géopolitiques liés aux contrecoups de l’instabilité de ses voisins : la Somalie, l’Érythrée, le Soudan et le Sud Soudan.
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