Heurs et malheurs d’un romancier
Le prestigieux prix italien Grinzane Cavour a été décerné à l’écrivain indien Amitav Ghosh. Mais nul n’est prophète en son pays…
Publié le 16 avril 2007 Lecture : 1 minute.
C’est l’écrivain indien Amitav Ghosh qui vient de remporter cette année le prestigieux prix Grinzane Cavour décerné tous les ans par l’association italienne du même nom. Luis Sepúlveda, Daniel Pennac, Doris Lessing, Nadine Gordimer, Wole Soyinka et Mario Vargas Llosa sont quelques-uns des lauréats de ce prix créé en 1982 pour donner aux jeunes Italiens le goût de la lecture des ?textes contemporains.
Ghosh, qui vit à New York, est l’auteur d’une uvre littéraire originale et puissante, composée de cinq romans et de plusieurs essais. Puisant son matériau dans les drames de la colonisation, mais aussi dans ses expériences de voyages (il est anthropologue de formation) à travers les mondes et les cultures, il a construit une fiction à la fois intime et cosmopolite. Dans son dernier roman, Le Pays des marées, Ghosh livre le récit d’une jeune cétologue américaine d’origine indienne, débarquée dans l’archipel des Sundarbans, au Bengale, pour faire des recherches sur des mammifères marins. Ce roman quasi écologique met en scène les correspondances et les solidarités entre les êtres, entre les espèces, entre la nature et l’homme.
Écrivain engagé, Amitav Ghosh s’est illustré au cours des dernières années par son opposition farouche à la guerre d’Irak. Dans un entretien accordé à un journal indien à l’occasion de son récent passage en Inde où il compte s’installer prochainement, il a évoqué les difficultés qu’il a rencontrées pour se faire publier dans les journaux américains à cause de ses prises de position antiguerre. « C’était comme si mon nom avait été jeté dans une liste noire invisible », s’insurge-t-il. Et d’ajouter : « Pourtant, ceux qui étaient pour la guerre hier la critiquent maintenant ouvertement, car ils voient la catastrophe à laquelle elle a conduit. » Il n’est pas sûr que l’indépendance d’esprit dont l’écrivain se prévaut soit mieux appréciée en Inde.
