Enfin, le début de la campagne

Publié le 16 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Voilà, enfin, ouf, on y arrive presque… au premier tour de l’élection présidentielle française. À la première étape de cette campagne qui n’en finit pas et où rien ne nous emballe. On s’attendait à quelque chose d’essentiel. On a eu beaucoup de promesses, et un « je sais tout » présomptueux de la part de chaque candidat. On s’attendait à plus d’âme, de grandeur. On aura eu beaucoup de petitesse, de vociférations, de règlements de comptes. On s’attendait à un débat, à de la hauteur, de la perspective. On aura eu les sempiternelles assertions névrosées sur la sécurité, sur l’identité, sur l’archaïsme de la gauche, l’égoïsme de la droite, sur l’inconséquence du peuple et la rapacité des patrons
Bref, malgré ce moment historique unique où le scrutin coïncide avec une vraie crise de société et le passage d’une génération, on aura eu une campagne médiocre. De laquelle sortira forcément un vainqueur. Ou « une » vainqueur.

Autour de moi, l’ambiance est assez « sarkozyste ». Je reconnais que Nicolas Sarkozy se présente comme l’archifavori, qu’il se prépare depuis une vie pour cette grande bataille, qu’il y travaille, quinze heures par jour, tous les jours, depuis des années. Et je reconnais qu’il y a quelque chose de presque séduisant dans ce volontarisme à l’apparence décomplexée.
Cela étant dit, je pense que l’élection n’est pas jouée. Tout d’abord, les Français ne votent jamais comme on pense qu’ils vont voter. Exemple : Chirac en 1995 et Le Pen en 2002. Ensuite, la présidentielle est une élection qui se joue sur la fin, dans la dynamique violente du face-à-face du second tour. Et le tête-à-tête final n’aura rien à voir avec la course confuse et en paquet du premier tour. Enfin, je ne crois pas que le Parti socialiste se soit évanoui dans la nature. Si Ségolène parvient au second tour, on revient à l’affrontement classique et justement très incertain droite-gauche, arbitré par des centristes, devenus faiseur de roi

la suite après cette publicité

La vraie bataille commencera donc le 22 avril. Et pour Nicolas Sarkozy, le chemin sera peut-être plus rude que prévu. Chez cet homme tout en ambition, en énergie, il y a aussi quelque chose de furieusement inquiet, de précipité, la sensation d’un tempérament qui se consume. Chez cet homme d’État, il y a aussi des jugements expéditifs (sur le poids économique de l’Afrique), des mots inutiles et blessants (les racailles et le Kärcher), des jugements parfois incroyablement à côté de la plaque (comme sur la criminalité, l’inné et l’acquis). Il y a aussi cette fixette étonnante, d’autant plus venant de lui, sur l’identité française perçue comme un dogme absolu, sans nuance.
Il y a aussi le fait que Sarko, convaincu du cur du pays, fait une campagne très, très à droite. Et qu’il me semble pourtant que la France se conquiert dans son ventre mou, là où les électeurs n’ont pas vraiment de repère idéologique ni de positionnement partisan. Pour être le président de la France, il faut rassembler, draguer large, comme Chirac, homme de droite prônant une politique de gauche. Et comme Mitterrand, homme de gauche à la posture gaullienne.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires