Come-back africain

Vingt-trois ans après son retrait de l’OUA, le royaume a accueilli à Rabat les représentants de 45 pays africains. Pour parler du développement humain.

Publié le 16 avril 2007 Lecture : 3 minutes.

Quarante-cinq pays africains représentés par quarante-sept ministres, dont vingt-six chargés des Affaires étrangères Une dizaine d’institutions internationales comme la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale ou le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) Une pléiade de diplomates européens (Belgique, Espagne, France, Portugal, Royaume-Uni, UE) et asiatiques (Japon) Plus quelques associations représentant la société civile En accueillant les 6 et 7 avril, à Rabat, la première Conférence africaine sur le développement humain, le Maroc s’est replacé au centre de l’échiquier diplomatique africain.
La manifestation, dont la prochaine édition se tiendra en 2009 au Gabon, était organisée en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Elle a accouché d’une « Déclaration de Rabat » en 43 points, dans laquelle les signataires s’engagent à promouvoir une « croissance économique au service de l’homme » en encourageant les partenariats interafricains. L’objectif était de constituer une plate-forme « d’échanges constructifs des expériences de développement menées en Afrique, en s’appuyant sur celle du Maroc : l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) », explique Omar Hilale, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. Lancée par Mohammed VI en mai 2005, l’INDH s’est assigné pour objectif la réduction de la pauvreté, de la précarité et de l’exclusion sociale. « Mais nous ne cherchons pas à être un modèle, parce que les problèmes du Maroc ne sont pas ceux du Congo, de Djibouti ou du Mali. En matière de développement, nous n’avons aucune arrière-pensée politique ni aucun agenda », précise Hilale.
Il n’empêche : cette conférence sur le développement humain intervient neuf mois seulement après celle sur les « migrations et le développement » organisée dans la même ville (en juillet 2006), avec la participation de vingt-huit pays africains, de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac) et de trente pays européens. Faut-il y voir la volonté du royaume de concurrencer le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) ? Celui-ci a été lancé en 2000 par, entre autres, le voisin algérien, dans le cadre de l’UA. Or le Maroc n’est pas membre de l’organisation continentale depuis qu’en 1984, il s’est retiré de la défunte OUA D’autre part, certains se demandent si l’opération ne visait pas à impressionner favorablement la communauté internationale, trois jours avant la présentation du plan d’autonomie du Sahara occidental devant les Nations unies, le 10 avril.
« Tous ces dossiers n’ont rien à voir entre eux, se défend Hilale. Nous avons choisi d’organiser cette conférence en 2007 parce que c’est une date charnière dans la mise en uvre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) définis par les Nations unies. C’est l’occasion d’un bilan à mi-parcours. » « On peut interpréter la chose comme on veut, mais je ne crois pas qu’il y ait ici tentative de récupération, indique pour sa part Gilbert Houngbo, secrétaire général adjoint de l’ONU et directeur du bureau Afrique du Pnud. Il serait lâche d’utiliser le développement à des fins politiques. La coïncidence des dates est d’ailleurs purement fortuite. La conférence a été repoussée à deux reprises. Au départ, elle devait avoir lieu en octobre ou en novembre 2006. »
Cheikh Tidiane Gadio, le ministre d’État sénégalais chargé des Affaires étrangères, qui a adressé un message de remerciement à Mohammed VI au nom de tous les participants, n’a quant à lui aucun doute : « Il s’agit d’un mécanisme allégé dans lequel quarante-cinq pays d’Afrique se retrouvent pour parler du développement humain. Si nous arrivons vraiment à échanger nos expériences, n’est-ce pas bien plus concret que cent discours prononcés à la tribune de grandes conférences internationales ? » Pour lui, l’initiative marocaine s’inscrit dans le droit fil de la conférence de Casablanca, qui, en 1961, « déboucha sur la création de l’OUA ». Conclusion : « Ces initiatives prouvent que le Maroc n’a jamais lâché le continent et qu’il reste un acteur majeur de son développement. »

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