Autant en emporte le vent
À l’instar de l’Europe, le pays mise sur les énergies renouvelables pour protéger l’environnement tout en limitant les dépenses pétrolières.
Alors que les vingt-sept pays de l’Union européenne (UE) viennent de s’engager, au début du mois de mars, à consommer 20 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2020, le Maroc fait, lui aussi, vu de propeté. Le 30 octobre dernier, dans le cadre d’un Débat national sur l’énergie organisé à Skhirat, les autorités chérifiennes ont pris la décision d’en accroître l’utilisation d’ici à 2012. Objectif : « Faire passer, à cet horizon, leur part à 10 % du bilan énergétique global et à 20 % de la seule production électrique nationale », avance Amal Haddouche, directrice du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER). Un pari qui ne sera pas facile à relever : pour l’instant, seulement 4 % de l’énergie consommée au Maroc est considérée comme renouvelable (contre 7 % en Europe).
Une stratégie a toutefois été élaborée pour remplir le contrat. Un important programme d’équipements a été mis au point. Il prévoit de doter le royaume de 1 000 mégawatts (MW) supplémentaires entre 2009 et 2012, grâce à l’installation de parcs éoliens sur l’ensemble du territoire (voir p. 65).
Un second volet doit promouvoir les économies d’énergies dans le pays, via trois grands programmes. Le Programme de développement du marché marocain solaire (Promasol) a pour mission de développer le recours aux chauffe-eau solaire individuel et collectif. De 5 000 m2 installés en 2001, il a permis de passer à 30 000 m2 en 2006 et espère atteindre la surface de 400 000 m2 en 2012. Le projet « bois-énergie » se concentre, lui, sur la réduction de l’utilisation du bois de feu, qui représente encore près du cinquième de la consommation énergétique marocaine : 3 millions de tep (tonnes-équivalents pétrole), sur un total de 16 millions de tep. Six millions de tonnes de bois partent en fumée chaque année, notamment dans les fours de cuisson des paysans et dans ceux des 5 000 hammams du pays. Afin d’enrayer cette lente destruction de la forêt nationale, « bois-énergie » propose des mesures incitatives destinées à faciliter l’acquisition de chaudières améliorées dont la consommation de bois est de 50 % inférieure à celle des chaudières traditionnelles. Quant au projet « Maison Énergie », il vise à créer un réseau de 1 000 entreprises de proximité spécialisées dans les énergies renouvelables pour en faciliter l’accès.
Pour compléter ce dispositif, un projet d’efficacité énergétique dans les infrastructures de santé, d’hôtellerie et de logements collectifs a été lancé début 2006. Le CDER estime qu’il pourrait permettre de réduire de 15 %, d’ici à 2020, l’énergie consommée à ce jour en résolvant les problèmes d’isolation, d’étanchéité et d’orientation des bâtiments.
Plusieurs raisons ont conduit les autorités à s’intéresser aux énergies renouvelables. La protection de l’environnement en fait partie, certes : le coût des dégâts causés par la production énergétique marocaine sur les milieux est évalué à 20 milliards de DH par an… soit l’équivalent de la moitié de la facture pétrolière nationale ! Mais au-delà, c’est aussi la dépendance énergétique quasi totale du pays vis-à-vis de l’extérieur qui l’a amené à réévaluer sa politique. Le Maroc importe en effet 95 % de ce qu’il consomme. Conséquence : le budget national est grevé par les dépenses pétrolières, le cours du baril de brut étant passé de 25 dollars en 2003 à plus de 55 dollars aujourd’hui. Pour la seule année 2005, la facture énergétique globale marocaine s’est ainsi accrue de 50 % par rapport à 2004, et en 2006, le coût des importations d’or noir a atteint 5 % du PIB.
Enfin, le royaume a aussi pris conscience qu’il avait un potentiel d’énergies alternatives très riche à portée de main, au moment où sa consommation électrique s’accroît de 9 % par an. Avec 3 500 kilomètres de côtes et une vitesse du vent qui y atteint, en moyenne, 7 à 8 mètres par seconde (m/s) – voire 11 m/s dans certaines régions -, le Maroc est le troisième pays au monde le plus venté. La durée d’ensoleillement y atteint, quant à elle, trois mille heures par an, avec des radiations moyennes de 5 kWh/m2/an. Les perspectives de développement de l’éolien offshore et du solaire y sont donc très encourageantes, au point que le pays se prend aujourd’hui à rêver de devenir la plate-forme de production d’énergies propres de l’Europe du Sud et de l’ouest du continent africain… Un château en Espagne ?
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