Omar Bongo Ondimba

Chef de l’État gabonais

Publié le 16 février 2004 Lecture : 3 minutes.

Quel chef d’État africain autre que Omar Bongo Ondimba connaît aussi bien Jacques Chirac et son fidèle lieutenant Alain Juppé, président de l’UMP (Union pour un mouvement populaire, au pouvoir en France) ? Pour la première fois, il réagit à la condamnation d’Alain Juppé, le 30 janvier dernier, à dix-huit mois de prison avec sursis et dix ans d’inéligibilité pour financement illicite de son parti. Quelques jours après la visite du président chinois Hu Jintao à Libreville, il dit aussi, avec son franc-parler habituel, pourquoi il préfère la coopération chinoise à celle de l’Europe.

Jeune Afrique/L’intelligent : Comment avez-vous réagi à la condamnation d’Alain Juppé ?
Omar Bongo Ondimba : Je voudrais vous rappeler un principe qui guide mes relations : l’estime qu’on a pour quelqu’un ne fluctue pas au baromètre des vicissitudes de la vie. J’ai le plus grand respect pour l’indépendance de la justice. J’ai aussi de l’amitié pour Alain Juppé que je connais depuis son passage au ministère français des Affaires étrangères. Récemment, il est venu au Gabon dans le cadre des relations entre le Parti démocratique gabonais et l’UMP. Je compatis à ce qui arrive à cet homme brillant qui a sûrement encore quelque chose à apporter à son pays.

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J.A.I. : La sévérité de la peine est-elle la preuve que la justice française est indépendante ou, au contraire, politisée ?
O.B.O. : Dans chaque pays, il y a une répartition des pouvoirs et des sphères d’influence du fait de la coexistence, dans le même tissu social, d’institutions et d’individus différents. Il y a donc des interférences entre la justice, la politique, les médias, la haute finance, et j’en passe… Ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, c’est que la justice n’est pas rendue dans un monde imaginaire, mais dans un monde réel.

J.A.I. : Cela pourrait-il arriver en Afrique, et au Gabon ?
O.B.O. : Pourquoi pas ? Les hommes ne sont-ils pas les mêmes partout malgré les différences de culture et de développement ? Quant aux magistrats et aux juristes africains, ne sont-ils pas formés dans les mêmes universités que leurs collègues français, européens ou américains ?

J.A.I. : À propos de coopération, justement, préférez-vous celle de la Chine « sans aucune condition politique » – comme Hu Jintao vous l’a proposée – à celle de l’Europe assortie de conditions de démocratie et de bonne gouvernance ?
O.B.O. : Pensez-vous qu’au Gabon nous n’avons pas été assez loin dans le processus de démocratisation avec une coopération européenne ? Dans la phase délicate des débuts du multipartisme, nous avons su éviter les écueils. Et vous conviendrez que le Gabon est un pays politiquement stable. Mais, en retour, qu’avons-nous reçu en prime de ces pays ? Il me semble que l’aide de certains pays est une aide liée alors que la coopération avec la Chine est sans condition, dans le respect mutuel et, surtout, la diversité. Je voudrais vous dire qu’aujourd’hui les Gabonais préfèrent une coopération et un partenariat qui respectent la diversité.

J.A.I. : Le Gabon a été la seule étape subsaharienne de la récente tournée du président chinois en Afrique. Est-ce seulement à cause des ressources pétrolières de votre pays ?
O.B.O. : J’ai noté que la presse internationale a mis un accent particulier sur le seul aspect pétrolier de cette visite. Mais notre coopération avec la Chine est vieille de trente ans et multisectorielle. La Chine est présente au Gabon dans les infrastructures, l’agriculture, le bois, les mines et la santé. Et il y a d’autres ressources susceptibles de l’intéresser. Au-delà de ces aspects, nos relations politiques sont marquées par une identité et une convergence de vues au sein des instances internationales. Le Gabon est un pays de paix et de stabilité. Sur le plan régional, la Chine a appuyé l’action du Gabon et contribué au rétablissement de la paix en République centrafricaine. J’ajoute que, cette année, à l’invitation du président Hu Jintao, j’effectuerai ma neuvième visite en Chine.

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J.A.I. : Les ressources pétrolières offshore du Gabon risquent de diminuer. Est-ce la raison pour laquelle le groupe pétrolier chinois Sinopec va faire de la recherche sous terre ?
O.B.O. : Nos réserves les plus importantes d’hydrocarbures se situent sous terre. Et restent encore à explorer. C’est la raison pour laquelle Sinopec a choisi de commencer son exploration par trois blocs situés à terre. Par ailleurs, Sinopec s’intéresse à la recherche offshore où le potentiel demeure important. Les négociations se poursuivent pour l’attribution de blocs offshore.

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