Lucienne Zoma

Chrétienne et militante pour les droits de l’homme, cette Burkinabè se veut une empêcheuse de tourner en rond !

Publié le 16 février 2004 Lecture : 2 minutes.

« Peut-on parler de progrès parce qu’on tue moins que par le passé ? » Femme de conviction, Lucienne Zoma ne mâche pas ses mots pour commenter la situation des droits de l’homme en Afrique de l’Ouest. La quarantaine jeune et énergique, aussi prompte à s’enflammer qu’à plaisanter, cette physiothérapeute (elle a par ailleurs étudié les sciences sociales et la théologie en France et en Belgique) n’aime guère parler d’elle-même. Elle préfère de beaucoup évoquer ses nombreuses activités. Patronne de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) au Burkina, elle est parallèlement membre du bureau de la Fiacat, la Fédération internationale des Acat, qui dispose d’un statut consultatif auprès des Nations unies et du Conseil de l’Europe, ainsi que d’un statut d’observateur auprès de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Par « la sensibilisation et la formation », Zoma et ses amis s’efforcent de lutter contre la peine de mort et les diverses exactions perpétrées contre des êtres humains.
« Nous nous intéressons aussi aux conditions de vie dans les prisons, confie-t-elle. Je dispose d’une autorisation pour accéder aux lieux de détention. Ces questions sont sensibles puisque l’autorité gouvernementale est souvent mise en cause. » Récemment, elle a rendu visite aux militaires burkinabè incarcérés en raison de leur implication supposée dans un projet de coup d’État.
Même pugnacité sur la question de la peine de mort. « Nous rappelons aux pouvoirs publics qu’ils ont ratifié des conventions internationales qui l’interdisent et qu’ils ne les respectent pas. Même si des pays comme le Bénin, le Burkina, le Mali, le Niger, le Sénégal ou le Togo n’appliquent plus la peine capitale depuis longtemps, celle-ci n’est pas juridiquement abolie. Dans ces conditions, il suffirait d’un changement de régime pour que les exécutions reprennent », explique-t-elle.
Entre deux éclats de rire, Zoma dissèque le fonctionnement concret des États africains, souvent à l’opposé des grandes déclarations humanitaires de leurs dirigeants. Elle dénonce, en particulier, la chasse aux « mangeuses d’âme », ces personnes âgées accusées de sorcellerie et exclues de leur communauté villageoise, mais aussi la prostitution des mineurs, un phénomène qui, dit-elle, se développe rapidement au Burkina et dans d’autres pays de la sous-région. On l’aura compris : le « militantisme de salon » n’est pas le genre de Lucienne Zoma.

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