Berbères juifs : « Une identité unique et exclusive est fragile »

Dans son brillant essai, « Berbères juifs, l’émergence du monothéisme en Afrique du Nord », Julien Cohen-Lacassagne, professeur d’histoire au lycée international Alexandre-Dumas d’Alger, offre une plongée étourdissante dans le judaïsme antique maghrébin.

Considéré comme la « petite ville romaine la mieux conservée de l’Afrique du Nord », le site de Dougga (ou Thugga), situé à Téboursouk, dans le Nord-Ouest de la Tunisie, est classé sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. © Manuel Cohen/Epicureans

Considéré comme la « petite ville romaine la mieux conservée de l’Afrique du Nord », le site de Dougga (ou Thugga), situé à Téboursouk, dans le Nord-Ouest de la Tunisie, est classé sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. © Manuel Cohen/Epicureans

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Publié le 27 juillet 2020 Lecture : 6 minutes.

L’Histoire part du présent. C’est ainsi que Julien Cohen-Lacassagne résume la démarche derrière son excellent essai, « Berbères Juifs, l’émergence du monothéisme en Afrique du Nord ». À travers une enquête historique fouillée, il retrace l’histoire méconnue, voire tue, des Berbères juifs en Afrique du Nord. Et déconstruit, en creux, les mythes d’une diaspora juive exclusivement judéenne.

Véritable courroie de transmission, les Berbères numides ont accueilli le prosélytisme judaïque, forgeant ainsi une assise idéologique, ferment de la civilisation judéo-musulmane. Si la construction d’une mythologie est propre à tout peuple, le texte de Cohen-Lacassagne « creuse en profondeur pour laisser apparaître tout ce qu’il y a en commun à l’humanité ». Une approche salutaire tant la géopolitique des trois monothéismes a façonné un passé antique et médiéval. Un passé qui agit toujours, pétri de ses nombreuses contre-vérités.

Jeune Afrique : Vous publiez « Berbères juifs », une plongée foisonnante dans le judaïsme antique. Quelle est la genèse de cet ouvrage ?

Julien Cohen-Lacassagne : Il y a des raisons subjectives puisque ma famille maternelle est d’origine juive algérienne, plus exactement d’Oran. J’éprouvais donc une forme de curiosité à l’égard de l’Afrique du Nord, ainsi que de l’attachement, renforcés par le fait que j’avais passé une partie de ma petite enfance au Maroc et que j’avais séjourné en Mauritanie à l’occasion de la préparation de ma maîtrise.

L’appartenance de tous les juifs à un même ensemble « ethnique » n’est pas sérieuse

À partir de ça, de manière plus objective, s’est posée la question des origines des juifs d’Afrique du Nord comme une espèce d’énigme ouvrant la nécessité d’une enquête. En Afrique du Nord ou au Sahel, j’avais observé des pratiques et des habitudes qui ressemblaient à celles de ma famille maternelle.

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