Enquête au point mort

Les familles des victimes du vol d’Egyptair se rebiffent.

Publié le 16 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Au lendemain du crash de l’avion de la compagnie charter Flash Airlines, survenu début janvier au large de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, les autorités égyptiennes ont coopéré de manière exemplaire avec leurs homologues françaises, notamment dans l’enquête sur les raisons de l’accident. Cela n’a pas manqué d’interpeller les ayants droit des victimes tunisiennes du crash de l’avion d’Egyptair, survenu en mai 2002 au-dessus du parc d’Ennahli, près de Tunis. Ces derniers n’ont pas bénéficié, en effet, des mêmes « égards ». Près de deux ans après cet accident, qui a fait 12 morts, dont 6 Tunisiens et 6 Égyptiens, l’enquête ordonnée par la compagnie publique égyptienne n’avance pas.
Le ministre tunisien du Transport avait pourtant déclaré à la presse, le 17 mai 2003, que les résultats de l’expertise « seront connus d’ici à un mois ». Huit mois après, les familles des victimes attendent toujours, alors que la presse cairote tente de faire accréditer la thèse d’un dysfonctionnement au niveau des communications entre l’appareil et la tour de contrôle de l’aéroport de Tunis-Carthage. « C’est une pure fiction : l’enquête diligentée par les autorités de l’aviation civile tunisienne, avec la coopération de leurs homologues égyptiennes, a conclu à une erreur de pilotage consécutive à une défaillance technique (altimètre défectueux) », explique Me Chawqi Tabib, avocat de l’une des victimes. Qui complète : « Ajoutés aux mauvaises conditions climatiques, la jeunesse du pilote – âgé d’une trentaine d’années – et son manque d’expérience – il effectuait l’un de ses premiers vols n’ont pas arrangé les choses. »
Constitué à la mi-janvier, un Collectif des avocats des familles des victimes tunisiennes entend faire pression sur les autorités concernées, à Tunis et au Caire, afin de les amener à accélérer l’enquête et les procédures d’indemnisation. Les avocats entendent intervenir également sur le montant des indemnisations. « Un responsable d’Egyptair a parlé récemment de 350 000 euros par victime de l’accident de Charm el-Cheikh, explique Me Hachem Badra. Cette somme, qui pourrait être révisée à la hausse à la demande des Français, est à comparer aux 7 000 à 40 000 euros qui ont été proposés, hors procès, à certains ayants droit des victimes tunisiennes. Cette différence de traitement est inadmissible. Elle frise le racisme. »
Le Collectif a fait parvenir, à la fin de janvier dernier, une lettre au ministre tunisien de la Justice et des Droits de l’homme lui demandant de « veiller à ce que les droits des familles des victimes soient préservés et que justice leur soit rendue ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires