Du rififi autour de la réforme

Publié le 17 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Tout commence par un gros malentendu. Lorsque l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures
est rendu public en janvier 2001, l’objectif déclaré des autorités est d’attirer davantage d’investissements des compagnies pétrolières étrangères. Mais tous ne le
comprennent pas ainsi, et interprètent certaines dispositions comme la porte ouverte à un rétablissement du système de concession. Ce qui, à terme, mènerait à la dénationalisation
du pétrole algérien et ouvrirait la voie à une privatisation du groupe Sonatrach, fleuron de l’industrie et maître du secteur.
Pour le Front de libération nationale (FLN), qui se considère comme le gardien de la souveraineté nationale, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA, la puissante centrale syndicale), le patronat et bien d’autres partis (participant au gouvernement ou non), une telle éventualité est inacceptable. Chekib Khelil, ministre de l’Énergie, auteur de l’avant-projet de loi et président de Sonatrach (il le restera jusqu’en juillet
2003), a beau assurer qu’il n’est pas question de privatiser le joyau algérien, rien n’y fait. Chekib Khelil insiste aussi sur le fait que cette réforme des hydrocarbures est contenue dans le programme de gouvernement. Lui-même a déjà supervisé des réformes similaires dans certains pays d’Amérique latine pour le compte de la Banque mondiale. Finalement, la prudence réclamée par Ali Benflis alors Premier ministre et la perspective de l’élection présidentielle de 2004 conduiront Abdelaziz Bouteflika à mettre de côté, en avril 2003, ce très controversé avant-projet de loi.
On peut dire aujourd’hui que le point faible de ce texte est d’avoir ignoré, dans certaines de ses dispositions, l’enjeu stratégique que pouvaient représenter sur la scène
mondiale le pétrole et le gaz algériens. Et notamment les divergences d’intérêt entre les États-Unis et l’Europe. L’administration américaine a publiquement déclaré qu’elle souhaitait voir aboutir la réforme. Les Américains ont, bien sûr, à cur de voir le secteur s’ouvrir aux compagnies pétrolières étrangères. Ils seraient, par ailleurs, les mieux placés pour s’offrir la compagnie Sonatrach si celle-ci venait à être privatisée. Les Européens, eux, préféreraient le statu quo, persuadés qu’il s’agit là de la meilleure
façon d’assurer la sécurité de leur approvisionnement

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