Des promesses, et des regrets aussi

Publié le 17 février 2004 Lecture : 2 minutes.

Cinq ans après la libéralisation du secteur bancaire, les banques publiques conservent
encore environ 90 % du marché et accordent 95 % des crédits. Même sur les 5 % qui restent, la majorité est le fait de banques étrangères travaillant essentiellement sur
les opérations de commerce extérieur des entreprises internationales. Ce déséquilibre s’explique, d’une part, par la relative jeunesse du secteur privé national, plus enclin à
chercher un profit immédiat qu’à financer le développement d’entreprises, et ensuite par la méfiance des banques étrangères, qui observent l’évolution de la politique économique
et de la réforme du système bancaire. Autre constat : l’État n’a pas tout de suite accompagné l’ouverture du secteur avec la mise en place d’un instrument de régulation.
Il faudra pour cela attendre l’effondrement de la banque Khalifa, en mars 2003.
L’année dernière a effectivement été marquée par deux scandales : la faillite de la banque Khalifa, impliquée dans une affaire de fuite de capitaux vers l’étranger, puis le
retrait de son agrément à la Banque commerciale et industrielle d’Algérie (BCIA), accusée de pratiques frauduleuses. Une crise de confiance s’est alors installée, crise qui n’a été atténuée que par le renforcement des missions de la Banque d’Algérie (BA) et la mise en place d’un organisme de contrôle du marché des changes. Créée en 1998 avec le minimum
légal de 500 millions de dinars (6 millions d’euros) pour capital, la banque Khalifa avait connu une ascension fulgurante, au point de devenir la plus importante des banques privées algériennes, recensant 120 000 comptes pour 135 agences. Pour Abderahmane
Benkhalfa, secrétaire général de l’Association des banques et établissements financiers (Abef), sa déroute est due « au manque de professionnalisme, à une maîtrise insuffisante
des risques et à une faiblesse des mécanismes de contrôle interne et externe ». Un autre établissement, l’Algerian International Bank (AIB), une des premières banques privées
d’investissement, avait déjà fait parler d’elle auparavant. Placée depuis le 3 janvier 2002 sous la tutelle d’un administrateur provisoire pour « non-respect constaté des
conditions normales de gestion », serait-elle appelée, elle aussi, à disparaître ?
Aujourd’hui, le secteur se compose d’une trentaine d’institutions bancaires et financières : six banques publiques (dont la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance,
CNEP) ; une mutuelle d’assurance agréée pour exécuter des opérations bancaires ; treize
banques privées nationales et étrangères, dont trois récentes : Housing Bank Trade and Finance, Algerian Gulf Bank (AGB) et Trust Bank ; cinq établissements financiers (dont
deux publics) ; deux sociétés de leasing et une banque de développement. Le marché reste donc très largement à conquérir. Et force est de constater que ce sont les banques
internationales les plus à même d’y parvenir. Alors que le pays compte 30 millions d’habitants, il n’existe ainsi que 1 250 points bancaires. Les banques privées nationales, de taille modeste, sont encore à un stade d’assainissement, avant d’entamer
leur phase de développement. Elles limitent, pour l’heure, leurs activités aux opérations de transaction courantes. Quid de la privatisation des banques publiques ? Il existe certes des tentatives celle, par exemple, du Crédit populaire d’Algérie (CPA), prévue dans le courant de l’année , mais rien n’a été conclu à ce jour. Et beaucoup reste à faire pour que ce secteur se mette au niveau des normes financières internationales.

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