Construire et reconstruire

Le 29 janvier, le FMI félicitait les autorités pour les bonnes performances réalisées ces deux dernières années. Reste à poursuivre l’effort.

Publié le 16 février 2004 Lecture : 3 minutes.

Lorsqu’il accède à la tête de l’État, en avril 1999, Abdelaziz Bouteflika hérite d’un pays exsangue. L’économie, à bout de souffle, sort de son premier plan d’ajustement structurel, concocté par le Fonds monétaire international (FMI). Ses effets au niveau social sont insupportables. Le chômage endémique, la baisse des revenus, la régression en matière d’éducation, de santé et de logement se doublent d’un climat d’insécurité permanente du fait du terrorisme. Décidé à modifier l’image de son pays, le président s’engage à mettre un terme à la violence. Il veut intégrer davantage l’Algérie dans l’économie mondiale et espère en tirer une nouvelle dynamique de développement. Cinq ans plus tard, quel bilan peut-on établir ?
La loi du 13 janvier 2000 sur la Concorde civile a conduit à l’amnistie et à la réinsertion de groupes terroristes ayant déposé les armes. Las ! l’Algérie a connu dès le milieu de 2000 un regain d’insécurité, amplifié par la contestation sociale et culturelle exprimée dès avril 2001 à partir de la Kabylie. L’annonce, ce même mois, d’un Programme de soutien à la relance économique (2001-2004) de 7,5 milliards de dollars (6 milliards d’euros) a bien fait baisser la tension, mais sans la supprimer. C’est dans ce contexte qu’Alger accentue son intégration à l’économie mondiale, en signant un accord de libre-échange avec l’Union européenne, en engageant le processus de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et en participant activement à l’élaboration du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). En matière de libéralisation, des milliers de petites unités locales ont été privatisées entre 1995 et 1998, mais, pour les grandes entreprises nationales, c’est le statu quo. La promulgation de nouvelles lois sur les mines, les postes et les télécommunications, avec le développement du marché de la téléphonie mobile, semble avoir relancé un processus qui ne va pas sans crispations politiques et syndicales, notamment autour de la réforme foncière et de l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Pendant ce temps, entre 2001 et 2003, l’embellie pétrolière et la pluviosité aidant, le pays a connu un rythme de croissance moyen de 3 %. En 2003 (+ 6,8 %), le secteur des hydrocarbures (+ 8,7 %) en a plus que jamais été le moteur, représentant plus de 35 % du Produit intérieur brut (PIB), 65 % des recettes fiscales, et concentrant 90 % des investissements étrangers. Ces derniers ont d’ailleurs doublé entre 1998 et 2002, pour atteindre 2,3 milliards de dollars en 2003. L’argent privé national demeure, quant à lui, plus que frileux, hésitant à s’engager dans des investissements productifs et préférant, pour l’heure, les activités commerciales liées à l’importation. La croissance est également le fruit d’un secteur agricole qui se modernise et de la hausse du BTP, engagé dans la reconstruction après le terrible séisme de mai 2003.
Au plan social, la mise en oeuvre du Programme de soutien à la relance économique a fait naître un certain espoir. Sa concentration sur les travaux publics, les infrastructures et l’agriculture devait avoir un impact sur les emplois. Selon le chef de l’État, 150 000 ont déjà vu le jour grâce à l’éclosion de quelque 50 000 microentreprises. Mais dans un pays où le chômage touche encore près de 24 % de la population active, le travail est de plus en plus synonyme de secteur informel, qui représente 50 % des emplois dans le privé… Selon Hamid Temmar, le conseiller économique de Bouteflika, il faudrait en créer 250 000 par an.
Enfin, la catastrophe de mai 2003 est venue aggraver la situation en matière d’éducation, de santé et de logement, parents pauvres de la politique économique et sociale. Le revenu annuel par habitant a pu se hisser de 1 520 dollars en 1998 à 1 820 dollars en 2003, mais il est toujours en deçà de son niveau de… 1985. Pour toutes ces raisons, l’Algérie occupe, selon le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement), le 107e rang sur 175 en termes de développement humain. La Banque mondiale estime pour sa part que le pays devra poursuivre une croissance annuelle de l’ordre de 6 % à 7 % durant les cinq prochaines années pour pouvoir améliorer le niveau et la qualité de vie des populations.

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